Edito
16H47 - vendredi 27 mars 2020

Allemagne : 71000 ! France : 9000, pardon zéro ! Ou pourquoi le « meilleur système de santé de monde » ne pourra pas nous tester tous ! L’édito de Michel Taube

 

Non, Monsieur le Président, la France ne suit pas les recommandations de l’OMS prescrites pourtant le 11 mars ! Elles sont pourtant claires : testez ! Testez ! Testez ! Et la raison pour laquelle la France n’en fait qu’à sa tête est simple : la France n’est pas en mesure de fabriquer les tests nécessaires à sa population.

Au pays du « meilleur système de santé du monde », la colère est de mise !

Emmanuel Macron dénonce ceux qui veulent « fracturer le pays » en critiquant la prise en charge du Covid-19 par les pouvoirs publics. Le gouvernement, s’appuyant sur son infaillible Conseil scientifique, doublé désormais d’un comité d’experts, ne cesse de s’exonérer de toute responsabilité en clamant que personne n’a vu arriver la vague. Dont acte.

Mais l’Allemagne, tout comme la Belgique, le Danemark ou Israël, et avant eux la Corée, Singapour ou Taïwan, appliquent les recommandations de l’OMS et testent massivement leur population. Les États-Unis et le Royaume-Uni, dont on se plaît à moquer les dirigeants (et pas que leur chevelure), ont eu l’humilité de reconnaître leur erreur d’appréciation, et pratiquent désormais massivement le dépistage des personnes contaminées.

Mais nous, nous ne le faisons que peu, qu’avec méthodologie, malgré les annonces d’Olivier Véran, le ministre de la Santé, selon lequel la France va également monter en puissance dans le dépistage : selon lui, on va passer à 10.000 tests par jour d’ici la fin de la semaine et doubler la semaine prochaine.

Nous sommes loin du compte, et on n’est même pas certain de pouvoir atteindre cet objectif.

L’Allemagne teste 71.000 personnes par jour, 500.000 par semaine. Et nous, et nous, et nous ? 9.000 par jour à peine. Et encore, les chiffres des pouvoirs publics ne sont pas clairs. Nos ministres le connaissent-ils vraiment d’ailleurs ce chiffre ?

La raison est aussi simple que terrifiante : Jean-François Delfraissy, président du fameux Conseil scientifique, déclarait lundi 23 mars que la France n’a tout simplement pas les moyens de pratiquer un dépistage à grande échelle ! Et Lionel Barrand, président du Syndicat national des jeunes biologistes médicaux, en donnait la clé : la France dispose des machines, des labos et de l’organisation, mais elle manque de réactifs et d’écouvillons pour effectuer les prélèvements.

Quelle honte pour un pays doté de grands laboratoires et d’une puissante industrie pharmaceutique ! nous ne pouvons fabriquer les réactifs ?

Telle est, selon nous, précisément la raison du recours à un confinement massif : l’impossibilité de tester en masse et donc d’isoler, de confiner les seules personnes contaminées !

Comme les pays pauvres, il ne reste à la sixième puissance économique mondiale et son extraordinaire système de santé que le confinement massif et dévastateur pour l’économie, pour lutter contre le Covid-19.

Il ne s’agit pas ici, ni hier ni demain, de seulement charger le chef de l’Etat et le gouvernement, même si la méthode du « en même temps » a certainement retardé la prise de décisions anticipée et tranchée qu’exigeait la situation. Et ce dès le début du mois de mars. Nous sommes le 28 !

En revanche, la faillite de l’Etat administratif (le secteur public absorbe 56 % de la richesse nationale), de ce complexe industrialo-public, lourd, coûteux, jacobin et centralisateur est patente ! Une lamentable gouvernance, une administration pléthorique, voilà la cause de cet échec français !

Et puis, toujours cette parole publique biaisée, cette habitude de ne pas vouloir dire les choses, de les envelopper, de les cacher, de peur de paniquer ! Au pays du mensonge de Tchernobyl, le même vent souffle toujours.

Michel Taube

Directeur de la publication