Edito
07H47 - mercredi 12 février 2020

Monsieur Bayou (EELV), il n’y a pas d’occupations « joyeuses et pacifiques » d’entreprises. L’édito de Michel Taube

 

Julien Bayou, le nouveau secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts, représente-t-il encore l’écologie sectaire et dogmatique, dont la majorité des Français ne veulent pas et n’ont d’ailleurs jamais voulu. Apparemment plus rouge que vert (« écologie pastèque »), le secrétaire national d’EELV et futur candidat dans le 10ème arrondissement de Paris aux municipales de mars prochain, semble pourtant avoir évolué, du moins pour la circonstance, électorat écolo-bobo parisien oblige.

Devant les caméras du Talk-Le Figaro (ceci expliquant peut-être aussi cela), le 4 février, il a  affirmé que « l’écologie ne se résume pas à la gauche ». Il a même pris la défense de la jeune Mila, menacée de mort pour avoir blasphémé. On croirait entendre Yannick Jadot, star montante du mouvement depuis les dernières Européennes et qui se rêve en futur président de la République.

Longtemps, EELV ne concevait d’alliance qu’à gauche, plus exactement à l’extrême gauche. Sous cet angle, Julien Bayou représente cette branche de l’écologie politique qui n’aspire pas à exercer de responsabilités, à peser sur l’indispensable virage écologique de la France, de son économie, de ses citoyens. Venu du milieu associatif, il s’était fait connaître avec Jeudi noir, collectif dénonçant la crise du logement.

Partisan de longue date de l’agitprop comme méthode de plaidoyer et de militantisme, Julien Bayou voudra-t-il faire d’EELV un super collectif de perturbation du jeu citoyen (la concurrence est rude sur ce terrain) ou un parti de gouvernement ?

Sur le plan des idées, Julien Bayou a longtemps été de ceux qui prônent la décroissance, l’écologie devant être l’ennemie de la croissance, de l’économie de marché, des entreprises. Être vert et vertueux, cela passe d’abord par abattre le capitalisme ! Le monde trop puriste de ses affidés est autoritaire, collectiviste, et épouse toutes les causes de la gauche radicale : multiculturalisme, soutien aux migrants et à la cause palestinienne, haine des banques et des élites…

Ce n’est que la crise climatique qui a reverdi cette posture néo marxiste, car jusqu’alors, l’écologie était surtout une case vide que l’on occupe sur l’échiquier politique. Pour « faire » de l’écologie, il fallait aller chez Greenpeace, pas chez les Verts.

On voudrait croire en la sincérité de l’ouverture évoquée par Julien Bayou. Peut-on en  être si sûr ? Certes, le nouveau « patron » du parti vert vient de condamner les dégradations commises par des militants écologistes au siège de la société BlackRock, ce gestionnaire d’actifs dont le PDG France vient de recevoir la Légion d’honneur en pleine crise des retraites (méchant capitaliste, donc) et auquel les militants reprochent son inaction face à l’urgence climatique. 

Mais le naturel (pas très bio) revient vite à la charge : si Julien Bayou a, au micro de France Inter, déploré les dégradations « idiotes » et considéré que taguer les murs d’une entreprise était « contreproductif », il s’est bien gardé de dénoncer l’occupation des locaux, qui empêcha l’entreprise de fonctionner. Plus généralement, les occupations et les actions de désobéissance civile lui conviennent parfaitement. Cela revient à encourager la commission de délits, en particulier celui d’entrave à la liberté de travailler, que certains irréductibles de la CGT pratiquent régulièrement, sans être jamais sanctionnés.

Selon Bayou, les occupations doivent donc être « pacifiques et joyeuses » et tout ira bien. Or in l’y a jamais d’occupation pacifique et joyeuse d’une entreprise ou d’un service public contre le gré des salariés qui souhaitent librement y travailler.

Joyeuses pour Bayou et ses militants, peut-être ? Mais dans ce « Green Peace and Love woodtstockien » évoqué par le leader vert, on ne voit pas ce qu’il y a de pacifique à empêcher par la contrainte les gens de travailler, au nom d’idées qu’ils peuvent même partager (et que la plupart partagent sans doute, s’agissant de sauver la planète et de réussir la transition énergétique). Bayou se targue de « condamner toutes les violences », comme si une occupation n’était pas, par essence, violente, même si elle n’est pas assortie de dégradations. La cheffe de la sécurité de blackrocks risque de perdre son travail. N’est-ce pas violent ? Julien Bayou s’en réjouirait-il ?

 

Jadot contre Bayou ?

Quel est aujourd’hui le véritable poids des rouges-verts dans l’écologie politique ? Celui d’une enclume, qui maintient le vote vert sous une dizaine de pour cent dans les scrutins les plus importants ?

Yannick Jadot, lui, l’a bien compris, et pas seulement par pur calcul électoral. Le député européen croit en ses chances de s’imposer comme le véritable leader de l’écologie politique, au-delà du parti EELV, et très vraisemblablement le candidat écolo à la prochaine présidentielle. C’est en grande partie grâce à son éloignement du dogmatisme traditionnel des verts qu’EELV a obtenu 13,47 % aux dernières élections européennes. Depuis, son discours n’a cessé de se teinter de réalisme, comme s’il avait enfin intégré qu’il était de l’intérêt général que la France développe une économie verte avant de faire la révolution et de détruire le capitalisme.

Que pense Yannick Jadot des occupations « pacifiques et joyeuses » de bureaux et de lieux de travail ? Cautionne-t-il les coups de force « pacifiques » soutenus par Julien Bayou, un peu trop nostalgique de « Jeudi noir » ?

L’écologie sera-t-elle longtemps confisquée par l’extrême gauche. De tous bords, des personnes compétentes et motivées s’engagent pour que la transition écologique réussisse. Yanick Jadot ne doit pas se laisser enfermer dans une approche maximaliste. Nul ne peut savoir si, lors des municipales ou plus tard, lors des présidentielles et législatives de 2022, EELV penchera vers une alliance avec Mélenchon et les communistes, ou s’il prendra modèle sur les Verts allemands, disposés à rendre plus écologique un gouvernement de droite comme de gauche, dès lors que les positions ne sont pas incompatibles. Les verts allemands peuvent travailler avec la CDU, encore présidée par Angela Merkel. Et en France, EELV le pourrait-il avec le PS, LREM ou LR ? Force est de reconnaître que les actes du gouvernement Macron/Philippe ne sont pas encore à la hauteur de son discours, avec à sa décharge des crises sociales à répétition qui tendent à faire passer au second plan les préoccupations environnementales et écologiques (jusqu’à la prochaine catastrophe climatique qui ne manquera pas de se produire, peut-être dès l’été prochain).

Yannick Jadot a même une chance d’être président de la République, en 2022, ou plus tard. Il pourrait aussi être Premier ministre dans un second quinquennat Macron. Tout est possible. Julien Bayou et les membres d’EELV suivront-ils leur champion ? Ou beaucoup d’adhérents ne soupçonnent-ils pas déjà Jadot d’être un futur traitre à la cause environnementale. Nicolas Hulot s’en souvient encore…

Ce sont d’abord ceux qui instrumentalisent l’écologie au profit d’un militantisme politique extrémiste, ceux qui privilégient le dogme au détriment d’une véritable action politique, qui trahissent l’écologie du quotidien et de l’avenir de tous les Français.

L’occupation violente d’entreprises (il n’y a pas d’entrave joyeuse et pacifique à la liberté de travailler) n’a pas sa place dans un parti de gouvernement !

 

Michel Taube

Directeur de la publication

La France a peur – L’Opi’News de Michel Taube

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