Edito
12H00 - mercredi 15 janvier 2020

Vous avez dit « macronien critique » ? L’édito de Michel Taube

 

Que veut dire être macronien critique ? C’est rester macronien lorsque les raisons d’être critique se multiplient pourtant. Non pour Macron lui-même mais pour la République et le pays. « Plus je suis critique, plus je suis macronien », nous confessait un observateur attentif de la politique française…

Voici une dialectique étrange, un en même temps du « en même temps » macronien qui va en énerver plus d’un… Le meilleur des vœux que l’on puisse formuler au président de la République, le jour où il adressera les siens à la presse (tiens, un exercice qu’il avait abandonné l’an passé), serait peut-être qu’un macronisme critique inspire davantage la macronie qui l’entoure et dont les groupies de l’artiste voyaient en lui le sauveur de la République en 2017. Le sondages le prédisent déjà : le défi se reposera, avec encore plus d’acuité, en 2022.

Il faut être macronien car l’alternative est effrayante : après l’effondrement de la droite et de la gauche républicaines, et en attendant que l’écologie se détache définitivement de l’extrême gauche, il ne reste que les gauchos-fachos pour diriger (et effondrer) le pays. A moins que la droite républicaine ne se trouve un nouveau champion (Xavier Bertrand ? François Baroin ?) mais son espace politique est largement préempté par le couple Edouard Philippe – Emmanuel Macron.

Et puis, la réalité, la vraie vie, c’est du « en même temps ». Rien n’est tout noir ou tout blanc, rien n’est plus de droite ou de gauche. Le dogmatisme conduit au désastre. Seuls les valeurs et les principes fondamentaux doivent demeurer immuables. Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui les incarne, qui les défend, face aux populistes intrinsèquement autoritaires.

Emmanuel Macron énerve, clive, recule parfois, mais il résiste, avance, conscient, comme il le rappelait lui-même dans ses vœux à tous les Français, que c’est avec la troisième année au pouvoir que l’usure et la préparation de la prochaine présidentielle bloquent généralement le mouvement. Et s’arrêter, c’est tomber ! Certes, certaines réformes n’aboutiront peut-être pas dans ce (premier ?) quinquennat, comme la révision constitutionnelle. Certes, certaines se font attendre comme le grand discours sur une laïcité refondée pour aider à rebâtir enfin un islam de France, moderne et laïcisé.

Mais n’en déplaise à ses adversaires farouches, – et ils sont nombreux ! -, Emmanuel Macron est en train de trouver ses marques dans l’habit de président de la République. L’épreuve et les épreuves du pouvoir, de l’affaire Benalla à la réforme des retraites, en passant par la crise des gilets jaunes, lui ont permis de trouver sa boussole… L’article 20 de la Constitution semble devenu l’alpha et l’oméga du quinquennat d’Emmanuel Macron : « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. » Edouard Philippe et Emmanuel Macron l’appliquent à la lettre dans la crise des retraites, comme aucun couple exécutif auparavant, et cela semble leur réussir malgré les nombreux couacs et embûches qui jalonnent la réforme. La nature de la majorité présidentielle explique aussi ce respect de la lettre constitutionnelle : seul le président détient la légitimité des urnes, les « bébés Macron » n’ayant pas d’historicité suffisante pour exister vraiment. Souvent, le Premier ministre s’appuie sur « sa » majorité parlementaire ». Ici, ce n’est même pas trop le cas en terme de communication politique, d’autant qu’Edouard Philippe est un transfuge des Républicains.

Tout est nouveau depuis que François Hollande a renoncé à se représenter, que François Fillion a explosé en vol et que Jupiter a accédé à l’Olympe avant d’en redescendre sous les coups de boutoir de l’affaire Benalla et de la crise des gilets jaunes. Discrètement (trop au goût de certains), Emmanuel Macron remonte sur son Olympe. Il préside et Edouard Philippe gouverne. C’est cela la Vème République.

La crise des retraites n’est pas encore terminée mais son pic paroxysmique est passé. Place aux élections municipales puis départementales et régionales en 2021 qui seront forcément mi-figue mi-raisin pour le parti du président qui n’existait pas aux précédents scrutins locaux et dont la campagne risque d’être largement torpillée par l’esprit « gilets jaunes en retraite » qui règne sur le pays.

Cette année gaullienne qui commence devrait inspirer le chef de l’Etat. Car 2022 se dessine déjà à l’horizon… Et l’on n’imagine pas le chef de l’Etat ne pas se préparer à un défi que Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont su relever depuis l’instauration du quinquennat : être réélu.

Emmanuel Macron devra puiser au plus profond de lui-même cet art d’être Français qu’il cultive et décline dans nombre de ses discours : refuser la résignation, résister… Bâtir aussi ! L’esprit critique, cette autre marque française, – Emmanuel Macron a été à bonne école avec le grand Paul Ricœur – pourrait l’aider en 2020.

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication

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