Edito
07H00 - vendredi 10 janvier 2020

Pourquoi Gabriel Matzneff existe. L’édito de Michel Taube

 

Pourquoi Gabriel Matzneff existe ?

Parce que c’est l’histoire des hommes (c’est le cas de le dire), de ces millénaires de domination masculine qui ont permis de maintenir les femmes et les enfants sous l’emprise de l’homme.

Mais Matzneff n’est pas que l’emblème (n’exagérons rien, un marquis de Sade avait infiniment plus de talent) de cette « grande » histoire. Il est surtout le produit de cette « petite » histoire française, entendons-nous bien, de cette idéologie destructrice du fameux « il est interdit d’interdire » dont la face cachée est l’égoïsme jouissif de chacun poussé à l’extrême.

Nous ne rapporterons qu’un fait si lumineux : à la faculté de droit de Nanterre dans les années 1970, il était exigé – je dis bien « exigé » – des étudiants en maîtrise de droit avec préparation du CAPA, la lecture des œuvres de Tony Duvert.

Qui est Tony Duvert ? Ce Matzneff de la grande époque, reçoit en 1973, sous la houlette de Roland Barthes, le prix Médicis (plus prestigieux encore que le prix Renaudot que recevra son élève en basses bacchanales) pour son « Paysage de fantaisie » aux Editions de minuit.

La pédophilie, pardon, la pédocriminalité, y tient une place de choix dans la trame de « l’œuvre » et dans le lit de l’auteur. Un livre imposé par les profs de Nanterre : rite d’initiation ? Manuel de droit pratique ? Duvert y décrit physiquement la sodomisation d’un garçon de sept ans et autres actes dignes des « Cent vingt journées de Sodome » (mais, avec, quand même, insistons, un style littéraire nettement moins lumineux).

Comme avec Matzneff presque un demi-siècle après, « Paysage de fantaisie » est encensé en 1973 par la critique parisienne pour son style subversif, une narration et une construction très déstructurées inspirées du Nouveau Roman selon l’excellent Wikipedia. Quand l’esthétisation du monde tue le monde : un grand classique sur lequel, heureusement, la fréquentation strasbourgeoise de l’univers heideggérien nous a ouvert les yeux ! A chacun ses années Fac…

Petite analyse psychologique au passage sur ces pédérastes fiers de l’être (au sens « amateurs de petits garçons »… qui ne se privaient pas de s’offrir des « minettes », selon le doux mot de notre Bernard Pivot national) : la pédophilie, pardon, la pédocriminalité, est vécue comme une inversion mentale dans la tête de ces criminels. Ces « adultes » pensent et prétendent avoir été tentés, séduits, abusés par l’enfant.

A la même époque, Matzneff fréquente de Montherlant, ce Lionel de « Beauséant » selon Roger Peyrefitte, prix Nobel en pédophilie pédesrate : le 21 juin 1972 à seize heures pile, selon les exigences habituelles de ponctualité maniaque de Montherlant, Matzneff se présentait chez son maître. Juste à l’heure, celle de la déflagration. Montherlant s’est suicidé, un pistolet engagé dans la bouche, quasiment devant lui. Matzneff dispersera avec Jean-Claude Barat ses cendres à Rome, sur le Forum, entre les pierres du temple de Portunus (ou temple de la Fortune virile), et dans le Tibre. Espérons que cette nuit-là ils ne se sont pas offerts un petit garçon ou une minette en guise de rituel d’inhumation…

Dans les années 70, il était interdit d’interdire, et toute protestation entraînait une immédiate réaction « d’exclusion » du « fasciste » dans bon nombre d’universités françaises. Il n’était pas possible de rendre audible cette simple évidence : un enfant est un mineur auquel la loi ne reconnaît pas un « consentement éclairé ».

Gabriel Matzneff a donc été à bonne école.

Matzneff fréquentait même deux écoles : il profitait de l’esprit soixante-huitard pour qui la licence n’avait pas de limites mais il appartenait plutôt à l’extrême-droite, fréquentait Alain de Benoist, lisait la revue Eléments, mouvance de cette nouvelle Droite néo-païenne elle-même fascinée par la pédérastie selon plusieurs sources concordantes.

Aujourd’hui déchu, Matzneff a donc été de ces « avant-gardistes » qui, dès les années 50 et 60, ont baigné, rayonné, baisé à l’envi dans ce Paris germanopratin où tout était permis, possible, osé.

La boutade de Coluche, « Y a pas de viol, puisque moi, j’voulais », témoigne d’une époque dont la principale caractéristique était, clairement, l’inconséquence. Pardon le crime déguisé en vertu, en désir, en jouissance. Avec des ravages en chaîne et des milliers de victimes…

Matzneff s’étonne de la déflagration occasionnée par « Le consentement » de Vanessa Springora. Il doit penser qu’on est encore en 1970. Il faut dire qu’en le primant en 2013, le tout-Paris avouait s’appliquer à lui-même la même conviction coupable. Trop facile de s’excuser au moment où  tombent les masques.

LES masques parce que Matzneff n’est pas le pire. 

Matzneff est l’oripeau de cette histoire française que les femmes et la société sont en train de tourner ! Pour nos enfants, pour nos femmes, pour nous-mêmes !

 

Michel Taube

L’homme aux chaussettes et à la cravate oranges

 

Directeur de la publication

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