Edito
09H10 - mardi 17 octobre 2017

Macron, le président des riches, les premiers de cordée et la Journée mondiale du refus de la misère. L’édito de Michel Taube

 

La Journée du 17 octobre est un défi pour Emmanuel Macron… Comme pour tous les Français.

Emmanuel Macron a peut-être l’allure d’un président des riches, mais il ne l’est pas plus que ses prédécesseurs. Ces derniers ont tous échoué à lutter contre l’accroissement de la pauvreté et du chômage. Aucun n’a permis de réduire les écarts de revenus entre les plus riches et les plus pauvres. On se souvient de Nicolas Sarkozy promettant qu’il n’y aurait plus de SDF à la fin de son quinquennat… François Hollande avait suscité quelques espoirs en 2012 parmi les acteurs qui accompagnent les exclus. Les faiblesses de sa politique de la ville ont beaucoup déçu.

Le nouveau président de la République vient d’annoncer une concertation en vue de définir une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté qui devrait aboutir d’ici six mois. L’intention est louable mais il faut reconnaître que ce chantier n’a pas été parmi les fers de lance de sa campagne présidentielle ni des cinq premiers mois de son quinquennat.

En ce 17 octobre, date de la 30ème Journée mondiale du refus de la misère, lancée en 1987 sur le Parvis des droits de l’Homme du Trocadéro à l’initiative du père Joseph Wresinski et de l’association ATD Quart Monde, les associations et les acteurs de terrain attendent plus. Comme l’écrivent les dirigeants d’ATD : «Il est temps d’investir durablement dans la lutte contre la pauvreté, de s’attaquer à ses causes profondes et pas seulement à ses conséquences ! Sans des moyens financiers à la hauteur, cette concertation débouchera sur des vœux pieux ou sur des actions à faible portée dont les plus pauvres ne bénéficieront pas.»

Il y a urgence : la grande pauvreté s’est installée durablement dans notre pays. Entre 2000 et 2014, le nombre de personnes sous le seuil de très grande pauvreté (40 % du revenu médian) a augmenté de 43,6 %. La forte progression des inégalités renforce un sentiment d’abandon d’une partie croissante de la société, mettant en péril l’effectivité de la devise de notre République.

Pourquoi la misère est-elle si prégnante en France ? 9 millions de pauvres, 5 millions de chômeurs, des générations de seniors sacrifiés et de jeunes qui n’arrivent plus à monter dans l’ascenseur social. C’est cela le modèle français ?

Emmanuel Macron tient la solution : plus qu’un énième plan d’assistanat ou de nombreuses dépenses publiques, la France a besoin de plus de cordées, de plus de premiers de cordées, pour redonner espoir aux décrocheurs de la modernité, cet Everest aux yeux de nombreux Français.

Une vision libérale de la société qui exigera un changement de paradigme dans la tête d’une majorité de Français pour qu’elle porte ses fruits… Et ce n’est pas gagné !

Libérale ? Nous pensions que le terme n’était plus une injure. Emmanuel Macron s’est bien gardé dimanche soir de prononcer ce terme tabou en France.

Il faudra plus que cinq mois de présidence Macron (et probablement plus qu’un quinquennat) pour que la France change durablement de paradigme. C’est pourtant une condition pour en finir avec cette double plaie de la grande pauvreté et du chômage.

 

Michel Taube

Directeur de la publication