Opinion Amériques Latines
17H46 - mercredi 23 septembre 2015

Buenos Aires : la capitale du genre dramatique accueille l’un des grands festivals de théâtre

 

Le Xème Festival International de Buenos Aires (FIBA) a débuté jeudi dernier dans la capitale argentine et se poursuivra jusqu’au 4 octobre prochain. Considéré comme l’un des plus grands festivals de théâtre au monde, le FIBA se pose en véritable vitrine de la création contemporaine des arts de la scène. Pour sa dixième édition, les porteños et les touristes chanceux profiteront d’une programmation de qualité placée sous le signe de la diversité.

Le théâtre, une passion argentine

Le public est venu nombreux pour la 10e édition - Crédit : Ville de Buenos Aires

Le public est venu nombreux pour la 10e édition – Crédit : Ville de Buenos Aires

Le Festival International de Buenos Aires est l’un des événements majeurs de la ville qui contribue au dynamisme de celle que l’on appelle « la capitale du théâtre » depuis qu’elle a dépassé New York et Londres en nombre de salles et de pièces présentées.

Le théâtre en Argentine est plus qu’un loisir parmi d’autres, il s’agit d’une activité véritablement enracinée dans la culture de ce pays. La vigueur de la création nationale s’expliquerait pour certains par la nature-même des Argentins connus pour être très communicatifs et extravertis. Evoquant leur besoin de théâtre, ils déclarent y trouver un exutoire : « C’est moins cher qu’une psychanalyse et j’y découvre les mêmes réponses » plaisante Eleanor, professeur de lettres au collège venue assister à la première du FIBA.

Historiquement c’est dans les moments de crise qui demeurent aujourd’hui des grands traumatismes collectifs – la dictature de Videla (1976 – 1983) et la crise de 2001 – que le théâtre argentin s’est renouvelé. Aujourd’hui, la vie culturelle porteña est rythmée par les représentations théâtrales et l’offre d’enseignements amateurs et professionnels ne cesse d’augmenter, pour tous les goûts et tous les budgets.

Il existe trois circuits principaux pour consommer du théâtre selon le genre que l’on préfère :le répertoire classique se joue dans les prestigieux théâtres du centre-ville, la scène dite « commerciale » (proche de notre théâtre de boulevard français) se produit se produit dans les nombreux théâtres qui pullulent sur l’Avenue Corrientes tandis que le théâtre indépendant et plus alternatif envahit les quartiers bohèmes de Palermo, Almagro ou San Telmo.

 

FIBA, la touche internationale

Le FIBA s’impose quant à lui comme un événement incontournable dans le milieu du théâtre à l’international avec ses 460 représentations programmées dans une trentaine d’établissements. Il est attendu une fréquentation record pour cette dixième édition, dont près d’un quart des représentations ont affiché complet le lendemain même du lancement. Véritable vitrine de la création contemporaine, la programmation internationale haute en couleur du FIBA rassemble cette année 14 spectacles de compagnies étrangères (France, Hollande, Cuba, Chili, Australie, Pérou, Belgique, Espagne et Allemagne). 

Eleanor, spectatrice fidèle du FIBA, dit avoir une totale confiance dans les choix effectués car elle a eu l’occasion d’y voir « des propositions qui sont restées gravées à jamais dans (sa) mémoire ». Théâtre, cirque, marionnettes, clowns, danse, performances artistiques, les arts de la scène sont représentés dans leur grande variété. Au-delà des spectacles, le FIBA est un lieu de rencontre entre les professionnelles, la critique, et les spectateurs du monde entier.

 

La France à l’honneur

Pour les dix ans du festival, les organisateurs ont porté leur dévolu sur la France. L’année 2015 a vu naître une coopération intense entre la France et l’Argentine en théâtre, servant d’interface entre ces deux importants pôles de création théâtrale. Après le Festival d’Avignon, les productions issues de cette collaboration coordonnée par Olivier Py investissent le FIBA.

Pas moins de trois compagnies françaises seront également présentes, dont le Groupe F qui a eu le privilège d’ouvrir le bal jeudi dernier avec un show époustouflant dans l’un des parcs de la ville. Après London Eye, les installations sur la Tour Eiffel au nouveau millénaire ou encore l’ouverture des Jeux Olympiques d’Athènes, le collectif dirigé par Christophe Berthonneau revient avec son spectacle « À fleur de peau ». La pyrotechnie et le trapèze sont associés aux techniques modernes de projection sur des infrastructures (mapping) et du dessin digitalisé. Dans ce cirque 2.0, les acteurs éclairés par des LED peuvent être à la fois « danseurs hors-sol » et « lanceurs d’envol ». La froideur des techniques digitales contraste avec une mise en scène recréant un univers magique et envouté par la musique de Scott Gibons mêlant des ondulations oniriques aux pulsations du cœur. Pari réussi, à la fin de la troisième représentation du spectacle on entend toujours les mêmes réactions enthousiastes à la sortie : « Peu importe le vent, il ne fallait pas rater ça… c’est une expérience unique ».

Infos pratiques :

tapa festival

Entrées seules et abonnements sur la billetterie en ligne buenosaires.gob.ar/festivales ou dans les nombreux points de vente (Théâtre Colon, Casa de la Cultura, Théâtre San Martin…). Au prix de $50 pour la présentation des œuvres nationales et entre $70 et $130 pour la création internationale.