Tunisie
08H15 - mercredi 20 mars 2013

Les défis et les limites pour le nouveau gouvernement tunisien

 

Les défis auxquels se trouve confronté le nouveau gouvernement de Ali Larayedh, se résument en quelques points : une Constitution à adopter, un échéancier clair pour la tenue d’élections et surtout la sécurité. Et c’est justement, le programme résumé que le Chef du gouvernement nouvellement désigné a présenté devant les députés, mercredi 13 mars, pour requérir leur confiance. Mais est-ce pour cela que les députés ont voté avec une majorité de 139 voix pour, 45 contre et 13 abstentions ?

 

 

 

 

 

 

 

Cette majorité, en grande partie issue des partis membres de la troïka, n’était pas la seule à approuver la ligne annoncée : d’autres députés l’ont aidé, non pas par opportunisme, mais plutôt dans le but d’établir un consensus et sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve. Les représentants du parti Al Moubadara de Kamel Morjane, associés à l’ancien RCD, en font partie, à côté d’autres indépendants.

L’Alliance démocratique – bien qu’associée aux tractations ayant précédé la formation du nouveau cabinet – a qualifié son abstention de positive. Ses membres appellent le nouveau gouvernement à multiplier ses efforts pour parvenir, le plus rapidement possible, à la tenue d’élections.

 

 

Le chômage source d’inquiétude principale…..

 

 

Près d’une semaine, après la mise en place du nouveau gouvernement, le paysage politique, économique et social, n’a pas, pour autant, changé, sauf sur le plan sécuritaire. Pour autant, le nouveau Ministre de l’intérieur, de l’avis même de l’opposition, affiche une volonté certaine d’assainir l’appareil sécuritaire et de procéder à des réformes structurelles au sein de son département. Mais pour le Tunisien, où qu’il soit, et à quelque catégorie socio-professionnelle qu’il appartienne, est principalement préoccupé par la situation économique.

La situation est telle que le chômage, aujourd’hui, est synonyme de vie ou de mort ; avec un taux qui avoisine les 17%. On trouve des jeunes qui ne voient pas le bout du tunnel, des chômeurs chroniques, certains le sont depuis dix ans voire plus… et il n’existe toujours pas de solutions radicales. En réalité, le problème est ailleurs et il concerne l’employabilité. Les diplômes ne sont en effet pas en adéquation avec le marché de l’emploi. C’est pourquoi, une réforme structurelle s’impose : fiscalité, code des investissements, système éducatif, sont les premiers domaines d’intervention. Le Premier ministre l’a annoncé, devant l’ANC : Pour l’année 2013, quatre-vingt dix mille postes sont prévus dans les secteurs public et privé. Est-ce que cela va résoudre le problème pour autant ou au contraire l’atténuer, lorsque l’on sait que trente mille postes vont être absorbés par le secteur public ?

 

 

….Avec la flambée des prix

 

 

Mais, il n’y a pas que le chômage. La flambée des prix et l’effritement du pouvoir d’achat impactent également beaucoup les tunisiens. Les causes ne sont pas si simples que cela, mais n’expliquent pas, pour le consommateur, la dernière augmentation des prix du carburant. Une mesure, certes dictée par des contraintes budgétaires, mais quand même impopulaire. Elle a, d’ailleurs, déclenché un tollé chez les automobilistes et les professionnels.

Les chauffeurs de taxis ont fait grève, toute la journée du 18 mars et les propriétaires de stations services, outre les distributeurs d’hydrocarbure, brandissent déjà la menace de débrayage, si cette augmentation est maintenue.

 

 

Quid des régions ?

 

 

L’intérieur, du pays, son terroir, là où on trouve les régions, qui ont longtemps été marginalisées, vit une situation encore plus critique. On parle d’une enveloppe de 5 500 millions de dinars alloués à leur développement. Une somme considérable, surtout quand on sait que la réussite de l’actuel gouvernement, dépendra en grande partie de l’intérêt qui sera porté à ces régions. Mais, selon les experts il ne s’agit pas seulement d’argent. Il faut mener plutôt une stratégie bien réfléchie et de stabilité. Les injections ponctuelles, n’ont jamais été la solution. Ces régions ont besoin de grands projets, à même de dynamiser le développement régional. Elles ont besoin d’investissements dans l’infrastructure de base et de projets générateurs de sources de revenus, qui tiennent compte de leurs spécificités. L’actuel gouvernement, est appelé à déblayer le terrain pour que des réformes profondes puissent être opérées et que ces régions puissent décoller et vivre leur part de développement. Car, c’est là que se trouvent les vraies richesses de la Tunisie. Ce qui est sûr, pour le moment du moins, c’est qu’on ne peut demander beaucoup au gouvernement de Ali Larayedh, appelé, en premier, à gérer les affaires courantes. Mais, il peut, quand même, favoriser les conditions nécessaires à la tenue des prochaines élections. Ce n’est qu’à partir de là, qu’il pourra rétablir la confiance perdue.

 

Samira Ghannouchi