Tunisie
08H04 - mardi 15 janvier 2013

14 janvier 2013, une immense déception au cœur du deuxième anniversaire de la Révolution tunisienne

 

Ce 14 janvier  2013, jour férié en Tunisie pour célébrer  la Révolution, les Tunisiens n’ont pas le cœur à la fête et les divisions du peuple tunisien sont visibles sur fond de tensions.

 

Une cérémonie officielle en présence du Président de la République Moncef Marzouki, du chef du gouvernement Hamadi Jebali et du Président de l’Assemblée Nationale Constituante, Mustapha Ben Jafaar s’est tenue ce matin sur la place de la Kasbah en présence de plusieurs chefs de partis.

Sur l’avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale, plusieurs manifestations de partis politiques se sont déroulées ce matin à différents endroits, dans une ambiance tendue et sous la pluie. En revanche, il faut dire que ces manifestations sont l’indicateur positif que les différentes sensibilités politiques sont aujourd’hui libres de s’exprimer en Tunisie. Mais il est  impossible de ressentir la cohésion du peuple tunisien autour d’un seul objectif comme lors du 14 janvier 2011 pour mettre fin à la dictature.

Ce deuxième anniversaire a lieu après un énième incident violent dans la banlieue nord de la capitale Tunis : l’incendie criminel du mausolée de Sidi Bou Said, samedi 12 janvier dans la soirée. Le Président de la République  Moncef Marzouki a tenté d’apaiser la colère des citoyens en se rendant sur place mais il s’est fait chahuter par la foule virulente scandant à son encontre le slogan « dégage ».

 

Sur le plan social, Houssine Abassi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a aujourd’hui signé le nouveau contrat social pour la Tunisie, au siège de l’ANC, avec le chef du gouvernement Hamadi Jebali et Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA). Ce nouveau contrat social reprend cinq principaux principes : « la croissance économique  et le développement régional », « les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle, « les relations professionnelles et le travail décent », « la protection sociale », « l’institutionnalisation du dialogue social tripartite ».

Le remaniement ministériel a été repoussé à une date ultérieure. Le leader du parti au pouvoir Ennnahda, Rached Ghannouchi, a annoncé qu’il sera annoncé le 20 janvier prochain.

 

Ainsi, les Tunisiens ayant déclenché un tournant dans l’Histoire et la géopolitique mondiale sont comme désabusés devant les informations et les événements qui révèlent, depuis deux ans aujourd’hui, l’absence de perspectives et de directions pour leur pays. La confusion est la constante de ce deuxième anniversaire. Le peuple tunisien apparaît comme divisé et épuisé de devoir se mobiliser sur tous les fronts pour constater les dysfonctionnements d’un Etat en faillite et lutter contre les violations des libertés fondamentales et pour l’établissement d’une démocratie.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’organisation des Nations-Unies  a demandé, dans un rapport du 14 janvier 2013, au Gouvernement Tunisien d’assurer d’avantage la protection des droits des femmes  dans le deuxième projet de Constitution de la Tunisie. Ce projet de Constitution tarde à devenir définitif afin de permettre l’alternance démocratique.

Les tensions parmi les Tunisiens sont plus que visibles et les désillusions sont grandes concernant l’évolution de la situation sociale deux après la révolution. La jeunesse n’a pas vraiment eu le cœur aux festivités en ce 14 janvier 2013.

Deux ans après la Révolution pour la liberté et la dignité, il est possible de se demander si en Tunisie, l’unique perspective confirmée à ce jour, n’est pas de diviser pour mieux régner ?

 

Sarah Anouar, correspondante à Tunis.