Tunisie
09H40 - jeudi 16 mai 2013

Laurent Fabius : « Je suis venu transmettre un message d’amitié »

 

Le ministre des Affaires étrangères français s’est rendu mardi à Tunis pour préparer la venue de François Hollande cet été et assurer le gouvernement tunisien du soutien de la France.

Le président Tunisien, Moncef Marzouki accueille le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius le 14 mai à Tunis

Le président Tunisien, Moncef Marzouki accueille le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius le 14 mai à Tunis

La Tunisie attendait François Hollande, elle a finalement eu le droit à son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour une visite officielle, ce mardi 14 mai. Pourtant, en mars, les médias prédisaient encore une visite présidentielle française, avant que celle-ci ne soit reportée, probablement au mois de juillet. Depuis la Révolution du 14 janvier 2011, les relations entre Paris et Tunis soufflent le chaud et le froid. Et ce n’est pas le changement de président qui a apaisé la diplomatie franco-tunisienne. Laurent Fabius avait donc fort à faire pour préparer le terrain au président Hollande…

Valls et le « fascisme islamique »

Car le gouvernement tunisien aurait, d’après l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, proche du président Marzouki, cité par Challenges, peu goûté le choix de François Hollande de rendre visite à Abdelaziz Bouteflika à Alger, puis au roi du Maroc, avant de se rendre à Tunis. Sans oublier que socialistes et membres d’Ennahdha se sont adonné cette année à une partie de ping-pong verbal pas vraiment tendre… Alors que Chokri Belaïd était retrouvé assassiné, le 6 février, Manuel Valls avait dégainé en mettant en garde contre le « fascisme islamique » dans les pays arabes. « Nous nous sentons insultés », avait rétorqué Rached Ghannouchi, chef de file d’Ennahdha, qui avait déclaré : « la France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens. »

Les membres de l’opposition tunisienne, eux, mettaient en garde François Hollande contre une visite en Tunisie qui légitimerait un gouvernement qui, lui, ne le serait plus depuis le 22 octobre 2012, date anniversaire de l’élection de l’Assemblée constituante. Une pétition avait même circulé pour que le président français décale sa visite après les prochaines élections. On pouvait y lire : « Monsieur le Président François Hollande, vous ne devrez venir qu’après les élections qui s’imposent et que le pouvoir en place retarde volontairement et abusivement. Votre venue donnera un très mauvais signe aux démocrates ! » Mais il fallait faire un pas, et vite, pour normaliser les relations franco-tunisiennes, même si ces dernières sont « au beau fixe », assure l’Ambassade de France à Tunis sur son site Internet.

Le travail de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) salué malgré les critiques

C’est donc le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui a fait le déplacement à Tunis. Il y a rencontré son homologue Othman Jerandi, le Premier ministre, le président de la République Moncef Marzouki et celui de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar. Et à en croire les déclarations des uns et des autres, les phrases du passé sont oubliées.  « Je suis en Tunisie pour transmettre un message d’amitié, de soutien et d’admiration de la France pour ce qu’a fait le peuple tunisien et la Tunisie, berceau du printemps arabe », a indiqué Laurent Fabius, à l’issue de son entretien avec le Premier ministre Ali Laârayedh. Après une rencontre avec le président de l’Assemblée, Laurent Fabius a indiqué que le travail de l’ANC restera « dans les annales de l’histoire. »
Pourtant, un an et demi après les élections pour la Constituante, ces travaux salués par Laurent Fabius piétinent et les Tunisiens ne cessent d’entendre des promesses d’achèvement de la Constitution de la part de M. Ben Jaâfar. Yadh Ben Achour, juriste et spécialiste de droit public, régulièrement questionné sur la Constitution et à qui il a été proposé d’intégrer la commission des experts pour la révision du contenu de la Constitution, assure même qu’il n’est « pas pensable de réformer le troisième avant-projet de la Constitution sans le reprendre entièrement. » On est donc loin du consensus à propos de l’Assemblée constituante. Sur les réseaux sociaux, les Tunisiens se sont donc étonnés de l’optimisme du ministre français, s’étonnant de la phrase de Laurent Fabius : « En Tunisie, ça se passe plutôt bien. »

Mais s’il est un message à retenir, c’est peut-être lorsque Laurent Fabius a déploré, malgré « des problèmes sérieux à l’échelle locale et régionale », la situation sécuritaire exagérée par rapport à ce qui est dit dans les médias français. A quelques semaines de l’ouverture de la saison touristique estivale, Laurent Fabius a tenu à rassurer les touristes français et, par la même occasion, à assurer le soutien de la France au secteur touristique en Tunisie, principal source d’emplois. « Il s’agit d’inciter les investisseurs et les touristes français à venir en Tunisie », a insisté le ministre, avant de dénoncer : « Il y a un creux, dû peut-être à des problèmes d’image auxquels vous, médias, n’êtes pas totalement étrangers. »