Face à Michel Taube
09H19 - lundi 1 avril 2024

Ce n’était qu’un poisson d’avril… Eric Zemmour se livre : « Si le Rassemblement national abandonne son programme socialiste, je suis prêt à rejoindre Marine Le Pen pour les Européennes et pour 2027 ! »

 

Vu son succès d’audience, ce poisson d’avril a dû mettre le doigt sur des enjeux de fond…

Dans un entretien exclusif accordé à Opinion Internationale, Éric Zemmour se livre.

Le président de Reconquête, dont la liste aux élections européennes conduite par Marion Maréchal stagne dans les sondages, propose un accord historique à la présidente du Rassemblement national.

 

Éric Zemmour, bonjour.

Bonjour.

 

Merci d’avoir accordé un entretien à Opinion Internationale.

En 2022, vous avez, pendant quelques mois, suscité l’espoir des droites nationalistes et des Français exaspérés par l’insécurité et une immigration incontrôlée que vous ne cessez de lier l’une à l’autre.

A partir de vos prises de position sur Pétain, que l’on peut franchement qualifier de révisionnistes, avec votre naturel pro-Poutine qui vous est revenu comme un boomerang avec l’invasion de l’Ukraine, vous avez traversé comme des montagnes russes avec une ascension fulgurante dans les sondages puis votre dévissement pour finir à 7% à l’élection présidentielle et sans aucun député à l’Assemblée nationale.

 

N’est-ce pas un peu la survie de Reconquête qui se joue avec l’élection européenne du 9 juin, surtout si vous n’atteignez pas les 5% ?

Marion Maréchal est…

 

Le Pen.

Pardon ?

 

Marion Maréchal Le Pen.

Respectez, je vous prie, son nom.

 

Je vous en prie.

Je disais donc… Marion Maréchal est une formidable tête de liste qui a bien raison d’élever le débat des Européennes sur le plan de la survie de notre civilisation européenne.

 

Justement, excusez-moi de vous interrompre à nouveau, mais ne prenez-vous pas tous deux la politique, Marion Maréchal Le Pen la fondatrice d’une université privée comme vous l’essayiste à succès, pour une extension de vos réflexions philosophiques, alors que la politique est affaire non point tant de vision à long terme que de solutions concrètes aux attentes des Français ?

Certes, mais il faut bien donner le cap et, croyez-moi, je suis meilleur capitaine de navire que beaucoup d’intendants du quotidien et commentateurs des faits d’actualité comme le sont devenus les politiques. Emmanuel Macron et Gabriel Attal excellent en la matière mais on voit où ils emmènent la France.

 

Revenons aux Européennes. Que ferez-vous si Reconquête n’a pas de députés européens le 9 juin ?

L’essentiel n’est pas là.

L’aggravation de la crise économique mondiale qui étouffe les classes moyennes, la montée des périls avec l’affrontement à venir avec la Russie, le désengagement des Etats-Unis, le retour de la menace terroriste et l’explosion des violences urbaines et les attaques incessantes contre la laïcité, nous obligent, nous les politiques, à un sursaut national.

Je pense que la France n’ira pas jusqu’en 2027 et qu’en juin, au lendemain des Européennes, Emmanuel Macron n’aura pas d’autre choix que de dissoudre l’Assemblée nationale. Bref la droite nationaliste que nous incarnons avec Marine Le Pen est aux portes du pouvoir.

Depuis 2022, je constate que les Républicains à qui j’ai tendu la main réduisent à néant mes espoirs de reconstituer le RPR des années Chirac.  Le navire LR prend l’eau de toutes parts : à sa droite, je rappelle que près d’un tiers des 89 députés RN vient déjà de LR. Que ce soit à Reconquête ou, selon mes informations, au RN, les candidats LR se bousculent. A sa gauche, la défection de Rachida Dati vers le camp Macron révèle une hémorragie plus profonde.

Le déménagement des LR place du Palais Bourbon annonce leur mutation définitive : les Républicains préfèreront devenir un petit parti d’élus locaux, sur le modèle du Parti radical valoisien qui a eu ses heures de gloire sous la IIIème République et qui existe toujours un siècle après en tant que petit club d’élus locaux et de (quelques) parlementaires et ministres, girouettes expérimentées mais sans pouvoir sur le destin de la France.

L’union des droites était mon pari mais LR l’a ruiné !

J’en tire les conséquences et je m’adresse à celle qui aujourd’hui a le plus de chance d’être en mesure de redresser la France.

 

Mais n’êtes-vous pas l’ennemi juré de Marine Le Pen ?

N’exagérons rien. Notre ennemi, c’est Mélenchon et sa dérive islamo-gauchiste. Je reconnais que Marine fait preuve d’une résilience qui force le respect et, vous savez, moi je privilégie l’intérêt de la France. Je n’ai pas d’ego mal placé en politique et je me mets donc à son service.

 

Mais comment allez-vous, elle et vous, concilier vos visions de la France ? Vous n’auriez pas voté la récente loi sur l’immigration alors que Marine Le Pen et ses troupes l’ont votée. Accepterez-vous de la suivre dans sa stratégie de banalisation, de recentrement de son discours ?

Justement, ma présence à ses côtés l’aidera à garder le cap. Sans moi et Marion, Marine Le Pen sera la Tsipras de la droite, la Meloni que nous ne voulons pas. Et Marine Le Pen le sait.

 

Vous voulez fusionner vos listes pour les Européennes ?

C’est ce que je vais proposer à Jordan Bardella avec Marion.

 

En somme, vous voulez éviter le bordella pour Reconquête ?

Un peu de respect s’il vous plaît…

 

Un peu d’humour ne fait jamais de mal, Monsieur Zemmour.

Certes, certes. Celle-ci, je vous l’accorde.

 

Avez-vous prévenu vos troupes ?

J’en ai informé Marion hier soir et elle m’a confessé y penser depuis des mois. Nous avons ensemble appelé Marine et nous la rencontrons cette semaine.

 

Vous comptez poser des conditions à votre ralliement ?

Deux seulement : que le Rassemblement national abandonne son programme socialiste et s’engage dans un choc économique libéral pour en finir avec l’assistanat qui est l’autre plaie avec l’islamisme qui menace la France. Et je souhaite être son Ministre de l’Intérieur et de la laïcité si nous prenons le pouvoir, aux législatives en 2024 et aux présidentielles en 2027.

 

Une dernière question, Eric Zemmour : ne regrettez-vous pas, plutôt que d’instruire constamment le procès de l’Islam, de ne pas vous être adressé en 2022 aux Français musulmans, Africains ou Arabes, en leur disant : « Je suis des vôtres. Je suis un Arabe comme vous, un Africain qui a choisi la France. Aimez la France et aidez-moi à mettre dehors ou hors d’état de nuire ceux qui ne l’aiment pas. »

Certes, mais il est encore temps de convaincre nos concitoyens d’origine africaine ou de confession musulmane de nous aider à lutter contre l’islamisme et le rejet de la France. C’est évidemment le défi civilisationnel que nous voulons aider Marine Le Pen à relever pour sauver la France.

 

Propos recueillis par Michel Taube sans ChatGPT

Directeur de la publication