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11H33 - vendredi 16 mai 2025

Venezuela : le boycott comme ultime acte de résistance. La chronique de Sofiane Dahmani

 

Le 25 mai prochain, les Vénézuéliens sont appelés aux urnes pour des élections législatives et régionales. Mais à Caracas, l’opposition ne se mobilise pas : elle se tait volontairement. Elle se tait pour dénoncer. Elle se tait pour ne pas collaborer. Elle se tait pour faire entendre un cri plus puissant que les discours : celui de la rupture démocratique.

Maria Corina Machado, figure de proue de l’opposition démocratique, aujourd’hui réduite à la clandestinité, l’a affirmé sans détour : les bureaux de vote doivent rester vides. Non par désintérêt. Non par apathie. Mais par dignité. Car à quoi bon voter lorsque le résultat est déjà écrit ? À quoi bon se prêter au jeu électoral lorsque les règles sont truquées, les opposants traqués, les bulletins sans valeur ?

Depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro en 2024, le Venezuela s’enfonce dans une crise politique et morale. Le Conseil national électoral a proclamé la victoire du président sortant sans publier les procès-verbaux, invoquant un « piratage » informatique dont personne ne croit un mot. L’opposition, quant à elle, affirme disposer de preuves attestant la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia avec plus de 67 % des suffrages. Mais rien n’y fait. La fraude est installée, comme une habitude, comme une méthode de gouvernement.

Alors oui, l’opposition pourrait choisir de participer, comme le propose Henrique Capriles, au nom d’une stratégie de présence, de visibilité, de long terme. Mais Maria Corina Machado, elle, fait un autre pari : celui du choc, de la rupture symbolique, de l’acte politique fort. Le boycott comme dénonciation radicale, comme miroir tendu à une communauté internationale trop souvent molle, tiède, paralysée.

Car la vérité est là : les démocraties occidentales ont baissé les bras. Elles dénoncent mollement, elles sanctionnent à moitié, elles normalisent progressivement un régime qui, pourtant, continue de réprimer, d’affamer, d’exiler. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont déjà fui le pays. L’inflation est galopante, le salaire minimum plafonne à 1,50 dollar par mois, les enfants ne vont plus à l’école que deux fois par semaine. Et pendant ce temps, Nicolas Maduro s’affiche à Moscou ou à Téhéran, en quête de légitimité extérieure.

Le cri de Maria Corina Machado, c’est aussi un appel au réveil de nos consciences. Il faut cesser de traiter le Venezuela comme une anomalie lointaine. Ce qui s’y joue, c’est l’avenir de la démocratie sur le continent latino-américain. Et plus largement, l’avenir de notre capacité, nous, démocraties fatiguées, à soutenir celles et ceux qui se battent pour les principes que nous prétendons défendre.

Ne pas voter peut être un acte de courage. L’abstention peut être un refus de collaborer avec la tyrannie. Le silence peut être un cri.

Le 25 mai, les Vénézuéliens n’iront pas voter. Mais ils n’auront jamais été aussi nombreux à espérer.

 

Sofiane Dahmani

 

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