Outre-Mer
19H35 - jeudi 2 septembre 2021

MèSI JACOB, mèsi en pil ! Hommage à Jacob Desvarieux

 

Jacob Desvarieux

Ce remerciement à l’adresse de Jacob Desvarieux, artiste français essentiel, parti bien trop tôt, provient de ses fans, de ses amis, de sa famille, de ses artistes musiciens composant le groupe Kassav’ mais ne suffit pas à les consoler, ne comble pas cette frustration de ne plus attendre ces nouvelles compositions ou même ses nouvelles versions du patrimoine existant, le tout composé avec Jean Philippe, Jean-Claude, Jocelyne, Georges, Pierre-Edouard, Patrick (parti encore plus tôt), exécuté avec ses musiciens (on ne peut les citer tous .. Mais certains comme le trombone Hamid étaient là depuis la création du groupe), cette frustration de ne plus pouvoir l’entendre en live…

Mèsi les amis, mèsi an chay Jacob !

Jacob Desvarieux avait, bien sûr, son talent d’artiste, de créateur de ce mouvement musical caribéen appelé le « Zouk » qui a traversé les continents, et notamment l’Afrique où l’impact de KASSAV était comparable à la gloire éternelle des Beatles en Europe.

Mais Jacob était avant tout un être humain exceptionnel, fin, passionné, ouvert aux autres, combattif pour promouvoir l’humanité en chacun d’entre nous, Antillais, Ultramarins, Français, Européens, Africains, Américains, Asiatiques, débordant d’affection avec tous ceux en qui il croyait, respectueux de ceux plus éloignés de lui, rayonnant de sincérité, tant au plan artistique qu’au plan humain pur.

En même temps, Jacob était un homme discret, réservé même, mais sachant s’ouvrir aux autres quand une cause le motivait particulièrement.

Il savait nous intégrer, nous ses amis de France, à la « famille Kassav’ » et son départ ne nous empêchera pas de conserver ce lien. Il reste présent dans nos cœurs. Nombreux sont ceux qui lui conserveront cette affection profonde, gardons cet esprit de « fête » auquel il était tant attaché.

Et comme le dit Monseigneur David Macaire, dans ce texte magnifique que publie Opinion Internationale, lu lors des obsèques de Jacob, « yon a lot, on reste ensemb ensemb’ ».

Gardons le son si exceptionnel de sa voix !

Mèsi an lo, cher Jacob, nou la epi ou !

 

Alain Dupouy

Chroniqueur Outre-Mer d’Opinion Internationale

Hommage de Monseigneur David Macaire, administrateur apostolique du diocèse de Guadeloupe et archevêque de Martinique, lors des obsèques de Jacob Desvarieux le 5 août 2021 à Saint-François.

Chers frères et sœurs, chers amis,

Comme tant d’hommes et de femmes de notre peuple des Antilles et d’ailleurs, j’aurais aimé être auprès devous. Vous, famille et intimes de notre frère Jacob Desvarieux, pour vous entourer de notre affection au coursde cette célébration d’A-Dieu.

Nous aurions tous aimé être auprès de vous pour signifier l’amitié commune que Jacob a chantée et suscitée ennous tous depuis plusieurs générations !

Nous sommes si nombreux qui aurions voulu être auprès de vous sa famille et ses proches pour montrer à Jacoblui-même, sa famille de Kassav’, à Jocelyne, à Jean-Philippe, à Pierre­ Edouard, à Georges, à Jean-Claude et à tous les autres, mais aussi à Patrick(+), qu’ils font partie à tout jamais de notre famille ! Mieux encore, qu’ilsfont partie de la plupart de nos familles, chacun et en groupe.

Oui, la musique de Jacob et de Kassav’ est une partie de l’histoire collective et plus singulièrement de chacunede nos histoires personnelles. Jacob c’est une partie de notre cœur.

Mèsi Jacob, mèsi an pil, d’avoir su porter la musique antillaise, à un niveau d’expression universel et d’avoirainsi contribué à faire rayonner le génie de notre culture.

Mèsi Jacob, mèsi an chay. Merci à toi, et aux frères et sœurs de la famille Kassav’, d’avoir su faire jaillir del’âme de notre peuple marqué par une histoire si douloureuse, une expression si joyeuse et si sincère qu’elles’est transmise au monde entier. Une victoire que l’histoire n’oubliera pas et qui nous rend tous fiers.

Mèsi Jacob, Mèsi an lo’ d’avoir su faire fructifier les talents que Dieu t’a donné. Modeste comme d’habitude,tu déclarais, en février dernier, dans un entretien accordé à la chaine catholique KTO : « J’ai reçu un talent, jefais partie des gens qui sont bénis ». Merci pour cette humilité et cette discrétion qui émanaient de tapersonne.

Mèsi Jacob, mèsi tou bonnement d’avoir su mettre ton talent hors-norme au service de l’affirmation de ce que nous sommes. La mise en œuvre de ta vie d’artiste et de leader mêlant le génie, la fidélité à nos racines, l’amitiéfraternelle et la paternité pour les jeunes talents, est un modèle. Merci pour les paroles propres des chants deKassav’ et la langue créole si pure de vos poésies !

Chère famille de Jacob, chers proches et intimes réunis ce jour, dans un lieu discret pour célébrer cesfunérailles particulières en une période si éprouvante, vous perdez aujourd’hui celui à qui des liens intimeset uniques vous unissaient. Cela vous appartient et nous nous contentons de prier le Dieu de touteconsolation de vous réconforter par la puissance de son esprit et l’intercession des saints.

Mais sentez-vous aussi l’immense foule de cœurs et d’âmes qui se presse autour de vous pour s’unir à vos larmes et à votre espérance ?

Percevez-vous à travers les ondes et internet, jusqu’au-delà de l’Atlantique et de la mer des Antilles l’immensegratitude qui monte vers Dieu ? L’immense prière pour le repos de l’âme, pour la miséricorde et pour labénédiction de notre frère Jacob ?

Entendez-vous le cri silencieux d’une profonde émotion populaire qui vous entoure aujourd’hui, nonsans tristesse certes mais avec tant de Foi, tant de « yon a lot’ », « yon épi lot ». Tant de« pliss Joss » etde « Tchimbé rèd pa moli, nou la épi zot ».

En priant depuis l’annonce de son décès, j’ai réécouté ce que Jacob Desvarieux disait lui-même du zouk. Ildisait qu’avant d’être une musique qu’il a créée avec ses amis, le zouk était un fait et une fête. Un événementqui rassemblait… (oui « rassemblait » !) des hommes et des femmes pour fêter et pour danser. Ensembensemb ‘ !

Le zouk si j’en crois cette interview de Jacob c’est d’abord et avant tout une manifestation d’unité et deconcorde, d’union et non de division. « Zot bel » disait Jocelyne Bernard à la foule du stade de France lors des30 ans du groupe…. « zot bèl pass nou la adan LARMONIE ».

Alors vous me permettrez, pour finir, d’interpréter la pensée de Jacob et de nous redire à tous, à votre famille, aux Guadeloupéens, aux martiniquais, à tous les antillais, à tous les outremers, à tous les hommes, auxcroyants, aux non croyants ; que c’est avant tout la communion fraternelle des hommes qui est le médicamentde toutes nos maladies. La solution de toutes nos détresses !

En cela, Jacob Desvarieux porte un message universel. C’est le message de l’Évangile et de la foi. C’est lemessage du Christ et de l’Eglise : restons unis car notre harmonie est notre

force : Aimons-nous les uns les autres!

 Que le Seigneur, en ces temps douloureux, où de nouvelles divisions et oppositions nous déchirent et nous affaiblissent, accueille aujourd’hui l’âme de notre frère Jacob Desvarieux. Que sa guitare s’accorderapidement à l’orchestre des anges et des grands artistes décédés !

Et que depuis le ciel, les Antillais et le monde entier entendent Jacob, Patrick et tant d’autres chanter l’unité,l’harmonie, la communion gravée au cœur de chaque homme par le divin Créateur. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

AMEN.