Réunie en Convention, l’opposition à Brazzaville discute de la ligne à tenir face à la perspective imposée par le pouvoir de la prochaine élection présidentielle le 20 mars : boycott total ou prise du risque d’entrer dans le jeu.
Face à l’échéance fixée pour les élections anticipées par le chef de l’État au 20 mars prochain, les partis de l’opposition congolaise cherchent à harmoniser leurs positions.
La plateforme de l’opposition IDC-Frocad s’est réunie à Brazzaville, ce second week-end de janvier, pour prendre une position collective sur l’échéance présidentielle.

De gauche a droite : Okombi Salissa, Parfait Kolélas, Clément Mierassa – Capture d’écran de icibrazza.com
Manifestement, deux lignes politiques s’affrontent. Feront-elles la synthèse ?
Les partisans de concourir à une présidentielle loyale
Pascal Tsaty Mabiala, Parfait Kolélas, André Okombi Salissa et Claudine Munari accepteraient de participer aux élections présidentielles, mais « pas dans n’importe quelles conditions ». Ils exigeraient la création d’une commission électorale indépendante qui, en fonction des travaux préparatoires (fichier électoral, durée de campagne), fixerait la date définitive du scrutin, sachant qu’en l’état, il est impossible d’honorer l’échéance fixée.
Le collectif de l’opposition a le projet de proposer un candidat unique, refusant la posture de la chaise vide qui, selon lui, ferait le jeu de Denis Sassou Nguesso, mais seulement si les conditions de transparence sont réunies.
Dans une interview donnée à BrazzaNews, Jean Ngouabi (président de Lumière pour le Congo, parti associé à la plateforme IDC-Frocad) déclare que « l’alternance se fera par les urnes et non par les armes et [que] l’opposition doit faire tout son possible pour qu’une réelle commission électorale indépendante soit mise en place ». Il prévoit avec assurance la défaite du chef de l’État dans le cadre d’un scrutin transparent.
La plateforme IDC-Frocad veut donc tenter le jeu démocratique en laissant une « chance » à Sassou de réunir les conditions d’un processus électoral réellement démocratique.
Positions plus tranchées de certains leaders de l’opposition
De son côté, Mathias Dzon (président de l’UPRN) s’est exclu de cette concertation et déclare à ce propos que c’est « de l’amusement » sachant que le pouvoir en place n’a jamais organisé d’élections démocratiques transparentes. Il prône donc la non-participation de l’opposition aux élections.
Dans un entretien donné sur ZianaTV le 9 janvier 2016, Mathias Dzon déclare qu’il ne participera pas aux élections dès lors que le peuple a massivement boycotté le référendum d’octobre dernier qui visait d’une part à autoriser le Président à exercer un troisième mandat, de l’autre à entériner le principe d’impunité du chef de l’État (selon l’article 96 de la Constitution du 6 Novembre 2015, « aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit […] ne peut plus être exercée contre le président de la République après la cessation de ses fonctions »).
Selon lui donc, la position définitive de l’opposition est indiscutable : aucun crédit ne doit être accordé à Denis Sassou-Nguesso : « L’opposition ne doit pas aller à ces élections […] il n’y a pas d’autres solutions ».
Quant à Clément Miérassa, autre ténor de l’opposition, il semble avoir disparu de la circulation et ne participe pas aux travaux de la convention, pour des raisons personnelles, dit-on sur place. Mais on peut s’interroger sur les raisons de cette désertion. Affaire à suivre.
L’opposition congolaise parviendra-t-elle à parler d’une seule et même voix ?
Jean-Claude Miangouayila