Talents citoyens
15H10 - lundi 12 novembre 2012

Jean-Luc Romero, président d’Elus locaux contre le Sida (ECLS), est l’invité d’OI : « La loi sur le mariage gay est une occasion pour la France d’être un exemple mondial »

 

Jean-Luc Romero est une figure hors-norme de la politique française. Président d’Élus locaux contre le sida (ECLS) depuis 1995, il est le premier homme politique de droite à révéler sa séropositivité (en 2002). Secrétaire national de l’UMP de 2003 à 2004, il tente sans succès de faire avancer son parti sur les questions lui tenant à cœur (lutte contre le sida et l’homophobie, droit à mourir dans la dignité, entre autres). Il quitte l’UMP en 2009 et se rapproche progressivement de la gauche. Aujourd’hui conseiller régional apparenté PS, Jean-Luc Romero, resté indépendant d’esprit, est toujours en pointe dans la lutte contre le sida et les droits des homosexuels. Pour Opinion Internationale, il revient sur ses nombreux combats et sur le projet de mariage pour tous.


Quel regard portez-vous sur le projet de loi sur le mariage homosexuel présenté la semaine dernière au conseil des ministres ?

Je le vois comme un symbole très important, qui s’ajoute à deux autres évènements cruciaux pour la cause des homosexuels. En effet, Barack Obama a été réélu, et il a promis d’aller dans la direction du mariage gay. Et en Espagne, la cour constitutionnelle a définitivement validé la loi sur le mariage homosexuel. Ce n’est donc pas seulement un moment français, mais aussi un moment international. Pour tous ceux qui luttent depuis longtemps pour cette cause, c’est un moment émouvant.

Bien entendu, l’égalité ne se partage pas et je considère le texte du gouvernement incomplet. Il y manque par exemple la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes, ou la création d’un statut de beau-parent pour le conjoint. J’espère donc que le projet de loi sera complété sur ces questions par des amendements à l’Assemblée nationale et au Sénat. Tout le monde regardera la France, c’est l’occasion de donner l’exemple.

De récents sondages montrent pourtant que les Français sont moins nombreux qu’en 2011 à soutenir le mariage gay. Qu’en pensez-vous ?

Je ne me détermine pas par rapport à ça. De toute façon, même s’il y a une baisse, les gens qui y sont favorables restent majoritaires.

Le mariage gay était écrit noir sur blanc dans le programme de François Hollande, c’était la proposition 31. Elle a été débattue pendant la campagne, la droite et les médias l’ont régulièrement évoquée. Les gens ne sont pas pris par surprise. Il faut être cohérent. On ne peut pas se plaindre qu’un candidat ne tienne pas ses promesses et refuser quand il décide d’appliquer une mesure de son programme. Il tient même son calendrier, puisqu’il avait promis que la loi sur le mariage pour tous serait mise en place avant la fin du premier semestre 2013.

Plus globalement, le rôle des hommes politiques est aussi de montrer le chemin à leurs concitoyens. Giscard d’Estaing n’aurait pas autorisé l’avortement, ou Mitterrand n’aurait pas aboli la peine de mort, s’ils s’étaient préoccupés des sondages sur ces sujets. De même, le président Hollande est dans son rôle, montrer le chemin de l’égalité des droits.

À quel type de débat vous attendez-vous autour du projet de loi sur le mariage pour tous ?

Il suffit de voir ce qui s’est passé le 15 août dernier. L’appel à la prière lancé par l’Église catholique a donné le ton qu’elle veut donner au débat. Elle n’avait pas fait ça au moment du Pacs [Pacte civil de solidarité, ndlr.], alors que pendant un an le débat avait été très dur.

Certaines forces, souvent religieuses ou très conservatrices, mobilisent déjà tous leurs moyens pour que la loi soit la moins « complète » possible, qu’elle soit édulcorée au maximum. Les mouvements anti-avortement proches de l’Église sont extrêmement actifs et mobilisés, sur le terrain et sur le net.

Je pense pourtant qu’au Parlement ce sera plus serein. Il y a une nouvelle génération de parlementaires, notamment à droite, qui ne fera pas du « Christine Boutin ». J’ai d’ailleurs préparé pour la Chaîne parlementaire un documentaire consacré à « homosexualité et politique », qui sera diffusé ce mois-ci. Lors des entrevues avec les gens de droite, j’ai senti que le discours a un peu évolué.

Mais il y aura quand même débat, et de vraies résistances. Je reste convaincu que le débat de société est une bonne chose. J’espère que cela éclairera les gens réticents, ou qui ont des idées fausses.

À quoi correspond la position de l’Église ?

L’Église est arc-boutée depuis des années sur des positions extrêmement archaïques, ne serait-ce que sur le célibat des prêtres. Ils réagissent vivement sur la reconnaissance de l’amour homosexuel, quand dans le même temps ils ont tout fait, jusqu’au plus haut niveau de l’Église, pour empêcher de mettre sous le tapis des affaires très graves de pédophilie. Il y a clairement un vieux fond d’homophobie dans son attitude.

De plus, le Vatican a été sidéré quand l’Espagne, le Portugal et surtout l’Argentine ont adopté le mariage gay. Il a élaboré depuis une véritable stratégie internationale à ce sujet. Un vrai travail est mené auprès de toutes les Églises pour empêcher le mouvement vers le mariage gay. Ils ont beaucoup travaillé, reçu des politiciens, se sont faits beaucoup plus présents dans la vie politique. La prière du 15 août a été très révélatrice à cet égard.

Un prêtre africain a d’ailleurs vendu la mèche : l’Église réfléchirait à une journée mondiale du mariage. Elle pourrait y réaffirmer que le mariage concerne uniquement les couples hétérosexuels.

Je trouve l’attitude de l’Église française assez grave. Elle a certes le droit de participer au débat public, mais les citoyens ont déjà tranché en élisant François Hollande. La proposition 31 parlait clairement de mariage gay. En s’opposant au mariage homosexuel, l’Église remet en cause le suffrage universel.

 

Vous êtes président de l’association pour le droit de mourir dans la dignité. François Hollande a mis en place une mission sur le droit à mourir dans la dignité, dirigée par Didier Sicard. Qu’en attendez-vous concrètement ?

Franchement, je n’ai pas été très ravi de cette annonce. Pourquoi encore une mission ? Il y en a déjà eu plusieurs. De plus, la plupart des membres de la mission Sicard sont anti-euthanasie. Je vois là une frilosité inquiétante des politiques autour des questions de la fin de vie.

Une mission supplémentaire, composée essentiellement de médecins, pour traiter une question d’abord citoyenne, ça ne me convainc pas. J’ajoute que ce sont des sommités médicales, pas des médecins de famille qui savent vraiment ce que c’est que de s’occuper des mourants

Il n’est plus temps de lancer des missions de « sages », mais d’avancer. La Belgique ou les Pays-Bas ont plus de dix ans d’expérience, le Luxembourg ou la Suisse ont avancé sur ce sujet… Il suffit de copier ce qu’ils ont fait.

Je suis tout de même temps assez confiant. Après tout, la proposition 21 du programme de François Hollande parlait bien de la possibilité d’accéder au droit à mourir dans la dignité, reprenant ainsi la formulation de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité.

L’association va mettre la pression pour que cet engagement soit tenu. Plusieurs actions sont prévues pour la fin de l’année.

Les positions de chacun doivent être respectées : à la fois ceux qui veulent mourir le plus tard possible, même dans la souffrance, mais aussi ceux qui à un moment n’en peuvent plus de ces souffrances. Ces derniers doivent aussi être entendus.

 

Vous avez participé cet été à la XIXe conférence internationale sur le sida, à Washington. Quel bilan en retirez-vous ?

Qu’elle se tienne Washington était déjà très symbolique, car les États-Unis ne l’avaient plus abritée depuis très longtemps. De 1987 à 2010, les séropositifs étrangers étaient interdits d’entrée sur leur territoire, sans aucune justification de santé publique. Tous les participants étaient donc particulièrement heureux que la conférence fasse son retour aux États-Unis.(*)

Pour la première fois depuis longtemps, une parole politique forte sur le sida, notamment française est réapparue. Marisol Touraine [ministre de la Santé] et Geneviève Fioraso [ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche] sont venues. Surtout, François Hollande a officiellement annoncé, dans un message adressé à la conférence, qu’une part des revenus de la taxe sur les transactions financières servira au développement, notamment la lutte contre le sida. Neuf pays européens, dont l’Allemagne, se sont engagés à suivre la France là-dessus. Ça a donné énormément d’optimisme aux militants. Pour eux, si cette mesure se généralise, on aura peut-être enfin les moyens financiers d’éradiquer le VIH.

 

Le sida pourrait donc redevenir une préoccupation internationale majeure ?

C’est trop tôt pour le dire. Les gens croient que parce que les morts sont moins nombreux, les choses vont mieux. C’est faux. Le nombre de gens vivant avec le sida ne diminue pas. Certes, on est passé de 2 millions de morts par an à 1,6 millions, mais il y a 34 millions de séropositifs sur Terre ! Ils n’ont jamais été aussi nombreux, tant en France que dans le monde ! Leur vie est meilleure, parce que davantage reçoivent des traitements, mais des millions de personnes meurent encore, dans une espèce d’indifférence glacée. Ce n’est pas acceptable.

C’est pour cela que l’annonce de Hollande est très positive. En période de crise, les États peuvent arbitrer leur budget au détriment des pays les plus pauvres, ceux où justement, les malades n’ont pas accès aux soins. Avoir une part fixe des revenus de la taxe sur les transactions financières destinée à la lutte contre le sida serait précieux.

 

Est-ce l’administration Obama qui a mis fin à l’interdiction d’entrée des séropositifs sur le territoire américain ?

Oui et non. Il faut rendre hommage au rôle de George Bush dans cette affaire. Avant la fin de son mandat, il a signé et fait voter par le Congrès américain la levée de cette interdiction. Seulement, le département d’État [équivalent du ministère des Affaires Étrangères, ndlr] n’a pas rédigé les textes nécessaires à la mise en application avant l’arrivée au pouvoir d’Obama. Et l’administration Obama elle-même a mis du temps à le faire : il a fallu attendre 2010.

 

Qu’en est-il de cette autre discrimination liée au sida, l’interdiction pour les gays de donner leur sang ?

Marisol Touraine a annoncé dans le courant de l’été sa fin prochaine. On estime à 15% le taux de séropositifs chez les gays de France, considérablement plus que les hétéros. Par conséquent, ils sont considérés comme une population à risque et ne peuvent pas donner leur sang. Alors même que 85% d’entre eux sont séronégatifs !

L’argument épidémiologique ne tient plus. D’autres populations, autant voire plus à risques, donnent librement leur sang. Par exemple, les populations venues d’Afrique subsaharienne. L’Afrique du sud compte 20% de séropositifs. Un Sud-Africain arrive en France et veut donner son sang. Il ne sera pas automatiquement recalé. On lui proposera de faire un test de dépistage et de revenir dans 4 mois. Si, au bout de ces 4 mois, il est reconnu séronégatif, alors il pourra donner. Mais si vous êtes gay, vous n’avez même pas droit à cela. On refuse de prendre votre sang, point barre.

L’argument de la plus forte proportion de gays infectés pour justifier ce refus ne tient plus puisque pour les autres on a trouvé un moyen de gérer ce problème. L’Espagne utilise un système similaire pour évaluer ses donneurs de sang gays. La France n’est pas le seul pays à exclure complètement les gays du don du sang, c’est aussi le cas du Canada.

 

Vous étiez cet été l’invité d’honneur de la Marche des fiertés de Montréal. Pouvez-vous nous donner un aperçu mondial des gay pride ?

Les Marches des fiertés s’installent dans le paysage international et elles sont effectivement de plus en plus nombreuses. Elles existent depuis 1969 et les émeutes de Stonewall à New York. Elles n’ont jamais disparu, elle ont même essaimé un peu partout. En France, la phénomène a commencé à Paris mais maintenant on en trouve dans quasiment toutes les capitales régionales.

Même si elles partent d’un même désir de lutter contre l’homophobie et pour l’égalité, toutes les gay pride ne sont pas identiques. Elles ont une valeur et souvent un contenu différent selon les lieux. L’impact est différent au Canada, qui applique l’égalité des droits, qu’en France ou a fortiori dans des pays comme la Lituanie. J’ai participé l’année dernière à la gay pride lituanienne, à la demande de l’ambassade de France. J’ai constaté la situation très difficile des homosexuels du pays. J’étais aussi à la première gay pride de Moscou [en 2006, ndlr]. Elle avait été interdite et la répression avait été très violente. Encore aujourd’hui, les autorités interdisent sa tenue.

On peut certes s’interroger sur l’utilité d’une Marche des fiertés au Canada. Mais on s’aperçoit vite que la lutte contre l’homophobie, la transphobie, la lesbophobie reste d’actualité. Le besoin annuel d’un moment politique fort existe encore, même si tous les partis canadiens viennent au festival des Fiertés. Chose encore difficilement envisageable en France.

 

En 2008, Rama Yade, à l’époque secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, avait porté à l’assemblée générale de l’ONU la cause de la dépénalisation mondiale de l’homosexualité. Quatre ans après, où en est-on ?

La question n’est pas oubliée, au contraire. Les gouvernements veulent aller au-delà du simple geste politique et réfléchissent à la meilleure façon d’obtenir un vrai résultat. C’est-à-dire quelque chose capable d’influencer les pays où l’homosexualité est encore un délit voire un crime.

Deux stratégies s’affrontent. L’une veut immédiatement porter ce combat à l’ONU. Bien entendu, ses partisans apprécieraient de voir la France se positionner aux avants-postes.

D’autres militants et gouvernements se demandent s’il ne serait pas plus efficace de laisser l’Afrique du sud porter ce combat. Elle est prête à déposer une résolution en ce sens devant l’ONU. Jusqu’à présent, les initiatives portées par les Occidentaux ont toutes échoué. Une proposition sous les couleurs de l’Afrique du sud est peut-être la bonne formule pour décrocher la majorité à l’Assemblée générale de l’ONU. Pour ma part, je n’ai pas encore d’opinion tranchée sur la meilleure stratégie.

 

Le printemps arabe a-t-il changé quelque chose à la situation des LGBT ?

Ils ont eu beaucoup d’espoir. Certains cyber-militants homosexuels ont joué un grand rôle dans les révolutions, en Égypte ou en Tunisie. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’aujourd’hui ils ne sont pas entendus. Je me suis rendu plusieurs fois en Tunisie depuis la révolution. Les militants que j’ai rencontrés m’ont fait part de leur inquiétude. Ils ont été partie prenante de cette révolution, ont défendu les principes de liberté, d’égalité, etc. Mais aujourd’hui, ils se sentent un peu les dindons de la farce.

Je pense pour ma part que c’est plus complexe. Quand on vécu sous une telle chape de plomb, les choses mettent malheureusement du temps à s’ajuster, à s’apaiser.

Mais une chose est sûre. Des militants de la cause homosexuelle existent aujourd’hui dans ces pays. Ils sont de plus en plus nombreux et agissent parfois à visage découvert, ce qui n’était pas le cas auparavant. C’est bien le signe que quelque chose a changé. Mais ne soyons pas naïfs, ce sera très long. Concrètement et aujourd’hui dans ces pays, il n’y a eu aucune avancée au plan des droits.

 

Pourriez-vous nous parler de Florence Cassez et de votre rôle comme président de son comité de soutien ?

Cet hiver, cela fera 7 ans qu’elle est emprisonnée. Imaginez ce que c’est, à 10 000 km de la France, de ses parents, personne d’autre ne parle français dans sa prison… Alors même qu’elle clame son innocence et que toutes les personnes de bonne foi extérieures à l’affaire qui ont lu son dossier la reconnaissent innocente.

Le rôle du comité de soutien est de réussir à créer un « bruit de fond » suffisant pour que Florence soit régulièrement dans l’actualité, qu’on ne l’oublie pas. C’est extrêmement compliqué car d’autres Français sont dans la même situation, sans compter le rythme effréné de l’actualité aujourd’hui. Or il est très clair qu’une personne dont on ne parle pas est une personne que la diplomatie oublie.

 

Quelles sont les prochaines échéances pour Florence Cassez ?

Nous attendons une décision de la Cour suprême mexicaine. La juge rapporteur du dossier a déclaré qu’elle s’en occuperait « après les vacances », soit après le 1er août. J’ai eu Florence au téléphone en juillet, elle pensait que l’avis serait rendu dès le retour des vacances. Ça ne s’est pas fait et aujourd’hui nous n’avons aucune idée du moment où cela sortira. Ça peut arriver à n’importe quel moment.

Florence a tellement attendu que parfois je me dis qu’un peu de patience ne peut pas faire de mal. Le nouveau président mexicain [Enrique Piña Nieto élu le 1er juiller dernier, ndlr] prendra ses fonctions le 1er décembre. Son prédécesseur, Felipe Calderon, sous la pression de son ministre de la sécurité, s’est toujours fermement opposé à tout transfert en France de Florence Cassez, même pour purger sa peine auprès de sa famille.

Enrique Nieto n’a pas d’intérêt personnel ni d’affects liés à l’affaire Cassez. Il est même plutôt conscient que c’est une épine dans les relations franco-mexicaines. Pour le comité de soutien, beaucoup de choses pourraient changer le 1er décembre.

 

Comment va Florence Cassez ?

Elle est forte, même si, comme tout le monde, elle a des hauts et des bas. Je ne suis pas sûr que j’aurais tenu le coup comme elle si je m’étais retrouvé dans sa situation. Il y a des jours où elle est mal, et d’autres où sa voix dégage une extraordinaire volonté et une grande détermination.

Je rappelle tout de même qu’à un moment, c’était presque dans son intérêt de se dire coupable. Elle serait rentrée depuis longtemps en France si elle l’avait fait. Ici, vu ce dont elle est accusée, même si elle était coupable, elle serait sortie de prison il y a longtemps. Elle est simplement accusée de complicité d’enlèvement, elle n’a tué personne. Il faut quand même se rendre compte de la disproportion des choses : dans un premier temps, elle avait été condamnée à 90 ans de prison.

 

Vous avez un parcours original : vous avez commencé à droite mais vous êtes aujourd’hui à gauche. Cette évolution est-elle liée à vos convictions et aux valeurs que vous défendez ?

Il suffit de lire mes livres : je n’ai pas changé une seule de mes convictions. Au moment de l’ouverture en 2007, j’ai fait le chemin inverse de ceux qui se sont ralliés à un gouvernement pourtant très éloigné de leurs convictions sur certains points.

Je me suis toujours vu comme un gaulliste social, et c’est encore le cas aujourd’hui. Le mot « droite » ne correspond pas à mon histoire. J’ai été élevé dans le Nord-Pas-de-Calais, par une famille communiste modeste qui avait fui l’Espagne franquiste. J’ai une vision très sociale et très républicaine parce que je suis un enfant d’immigrés qui a pu faire ses études grâce aux bourses de la République.

Je me suis longtemps senti bien dans le parti gaulliste. Mais à partir du Pacs, j’ai senti que quelque chose n’allait plus. Le cheminement a été long, et même mes amis de gauche comme Bertrand Delanoë ou Anne Hidalgo m’encourageaient à rester à droite. Ils espéraient que j’arriverai à faire bouger mon camp sur les sujets de société.

Je me suis rendu compte que je devenais une caution, un alibi, alors même que mes convictions n’avançaient plus. J’étais plutôt parti pour abandonner la politique. C’est Bertrand Delanoë qui m’a retenu, un an avant les régionales de 2010. Il m’a dit que ce que je faisais était utile, que je devais continuer à défendre mes convictions. Il m’a proposé de me présenter sur la liste de gauche, tout en gardant ma liberté. Ça s’est fait très naturellement.

Aujourd’hui je n’ai toujours pas adhéré au PS, même si je m’en sens proche. Sur quasiment toutes les questions de société que je défends, lorsque je parle avec les militants, j’ai enfin l’impression de ne plus être seul au monde. Quand je suis allé parler de l’euthanasie à l’université d’été du PS, la salle allait encore plus loin que moi !

Je me sens bien où je suis, et en même temps je n’ai pas changé. Je n’ai pas oublié une seule de mes idées.

Propos recueillis par Yannick Le Bars et Michel Taube

(*)46 pays interdisent ou imposent des restrictions à l’entrée des séropositifs sur leur territoire. Parmi eux, la Russie, l’Égypte et le Qatar, mais aussi Israël ou encore le Canada. (ndlr.)

Le 1er décembre paraît une nouvelle édition du livre « Homopoliticus » (Editions de la Cerisaie) et un documentaire du même nom le 21 décembre sur LPC-AN.

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