International
02H35 - lundi 5 novembre 2012

« La lutte contre la pauvreté doit être une priorité de tous » : entretien avec Etienne Pinte, à 10 jours de la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté

 

L’ancien Maire et député de Versailles, homme de droite iconoclaste puisqu’il a toujours défendu par exemple les sans-papiers, préside le Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il s’explique sur ce qu’il attend de la Conférence qui réunira le gouvernement et les acteurs sociaux les 10 et 11 décembre contre la pauvreté.

 

Monsieur Etienne Pinte, vous êtes le président du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et, à ce titre, le premier Ministre vous a associé de près à la préparation de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale qui se tiendra les 10 et 11 décembre prochains. Qu’en attendez-vous ?

Je suis heureux que pour la première fois depuis 6 ans le gouvernement réunisse tous les acteurs de la société concernés par la lutte contre la pauvreté et que 7 ministres participent personnellement aux groupes de travail de la Conférence. Les bénéficiaires des politiques de lutte contre la pauvreté sont aussi associés à ces travaux puisque les accueillis participent à la Conférence. Nous voulons faire avec eux et non sans eux.

Les Restos du cœur, la Banque alimentaire, l’hébergement d’urgence font la Une des journaux ces jours-ci mais c’est à une action pérenne que nous appelons et nous attendons de cette Conférence avant tout une mobilisation de tous les corps de la société pour sensibiliser tous nos concitoyens contre la pauvreté. Celle-ci avance de façon inquiétante : 8,5 millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté soit 14% de la population  et plus de la moitié dans la grande pauvreté avec moins de 600 euros par mois !

 

Un précédent président de la République avait promis qu’il n’y aurait plus de SDF en France d’ici 2012. Peut-on attendre des résultats concrets ou simplement une plus grande mobilisation de tous ?

Le précédent président de la République s’était aussi engagé sur une réduction de la pauvreté de 30%. Même en neutralisant les effets de la crise économique, l’objectif n’a pas été atteint. C’est pourquoi j’ai dit à Monsieur Jean-Marc Ayrault : « ne faisons pas de démagogie. Nous connaissons l’état de la France et de l’Etat. Ne prenez aucun engagement chiffré qui reviendrait comme un boomerang. Mais faites preuve de créativité et d’imagination, ministère par ministère concerné, pour dégager du grain à moudre pour que des changements concrets s’engagent. »

Certaines propositions concrètes sont déjà sur la table. Je ne prendrai que le logement : nous demandons la suppression de la saisonnalité des hébergements d’urgence. Le premier ministre s’est déjà engagé à ce que les 19.000 places créées pour l’hiver prochain soient pérennisées au-delà du 31 mars. Ne plus alimenter la rue est une priorité.

Sur les 150.000 logements sociaux promis à la construction chaque année, nous demandons que les plus sociaux (les PLAI) représentent au moins la moitié et non 30 à 35% comme dans les prévisions actuelles de ces logements. Je rappelle que 60% des Français relèvent du logement social !

Enfin, nous avons aussi demandé une grande campagne d’intermédiation proposant aux propriétaires de confier leurs logements vacants à des associations intermédiaires qui garantiraient loyer et entretien de leurs biens pour les confier à des exclus.

 

Au fond, la lutte contre la pauvreté ne fait pas partie des priorités du gouvernement sur le plan budgétaire puisqu’il invoque toujours l’emploi, la sécurité et la justice et ne cite pas ce combat ? Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

L’emploi est une des clés de la lutte contre l’exclusion. Mais attendons le plan quinquennal du président de la République et ses applications budgétaires à partir de 2014. Mais il est vrai que certaines de nos propositions coûteront à la nation et sont pourtant indispensables pour sortir de la grande pauvreté : la revalorisation du RSA de 25%  est attendue dans ce plan quinquennal : il devait initialement représenter la moitié du SMIC ; or nous sommes à 40% aujourd’hui. De même, l’actualisation de l’allocation logement est attendue.

 

Le président de la République sera absent les 10 et 11 décembre. Il avait été présent personnellement lors des Conférences sociale et environnementale. Qu’en pensez-vous ?

La Conférence de décembre n’est pas une fin en soi puisqu’un plan quinquennal doit être annoncé en janvier par le président de la République, à l’issue des travaux de la Conférence. On aurait pu espérer la présence personnelle de François Hollande le 10 ou le 11 décembre mais nous comprenons aussi que c’est le gouvernement qui est impliqué pour le moment et que le président interviendra derrière. Nous espérons vivement que les travaux qui mobilisent les acteurs de la lutte contre la pauvreté depuis des mois déboucheront sur un vrai plan quinquennal.

 

Propos recueillis par Michel Taube

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