Développement durable
09H47 - mercredi 23 mai 2012

L’OCDE dénonce l’inaction des Etats en matière d’environnement, un pavé dans la marre à la veille du sommet de Rio + 20

 

A quoi ressemblera le monde en 2050 ? Le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique « Perspectives de l’environnement à l’horizon 2050 » dresse le sombre portrait de l’environnement d’ici 2050 : « la population de la planète devrait passer de 7 milliards à plus de 9 milliards, et l’économie mondiale devrait presque quadrupler, entraînant une demande croissante en énergie et ressources naturelles ». Le rapport poursuit : « cette croissance s’est accompagnée d’une pollution de l’environnement et d’un épuisement des ressources naturelles qui pourraient bien, à terme, compromettre le développement humain ».

L’OCDE plaide pour agir vite car au-delà de certains «points de basculement», les modifications préjudiciables subies par les systèmes naturels deviendraient irréversibles. « Faute de nouvelles politiques, les progrès réalisés pour réduire les pressions sur l’environnement ne suffiront pas à compenser les impacts liées à la croissance économique », s’alerte l’Organisation.

Agir vite

Ce signal d’alerte n’est pourtant pas nouveau. Déjà dans sa précédente édition, en 2008, l’OCDE préconisait une action urgente pour la sauvegarde de l’environnement. Malgré quelques progrès, la situation reste très inquiétante.

Climat, biodiversité, eau, pollution atmosphérique sont les quatre grands chantiers d’alerte.

L’eau douce deviendra une ressource rare, puisqu’entre 2012 et 2050, la demande d’eau augmentera de 55% compte tenu des besoins croissants des industries manufacturières, de la production d’électricité thermique et des ménages. Quant à la pollution atmosphérique, elle devrait devenir la principale cause environnementale de décès prématurés à l’échelle mondiale.

Sur le dérèglement climatique, aucun élément positif n’est avancé. Les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur lesquels s’étaient engagés les Etats dans l’Accord de Cancun d’ici 2020 ne sont pas suffisants pour empêcher la montée de la température mondiale moyenne. Globalement, les perturbations liées au changement climatique vont sans doute s’aggraver et devenir irréversibles, puisqu’on prévoit une augmentation de 50 % des émissions mondiales de GES.

S’agissant de la biodiversité, le rapport dénonce la perte continue de biodiversité sous l’effet de pressions croissantes, la réduction progressive des forêts vierges, ou leur surexploitation et la propagation des espèces envahissantes. Même en vertu de la Convention sur la diversité biologique, l’objectif internationalement convenu de «réduire sensiblement le taux de perte de biodiversité» d’ici 2010 n’a pas été atteint.

Responsabilité partagée mais différenciée

Pour ces défis environnementaux mondiaux tels que le changement climatique et la biodiversité, la question est de savoir comment partager le coût de l’action. Si les principaux éco-systèmes sont dans les pays du sud ou les puissances émergentes, tous les pays, notamment l’Occident, en profitent. Les découvertes génétiques pour l’industrie pharmaceutiques auraient été impossibles sans les grandes forêts primaires du sud.

Kumi Kitamori, membre de la direction de l’environnement à l’OCDE,  appelle ainsi à un financement international des efforts à consentir désormais.

Le poids du rapport

Pour Kumi Kitamori, « le poids de notre rapport aura d’autant plus d’impact qu’il provient d’une organisation qui n’a pas pour mandat exclusif l’environnement ». Connie Hedegaard, commissaire européenne au Climat, ajoute sur Twitter : « venant de l’OCDE et non de Greenpeace, les Perspectives 2050 sont non seulement écologiquement rationnelles, mais à présent économiquement vraies ». https://twitter.com/#!/CHedegaardEU/status/180376257651945472

«Des politiques bien conçues peuvent contribuer à inverser les tendances prévues», assure l’organisation qui cite notamment les écotaxes, les permis d’émissions de CO2 mais également un changement dans la tarification de l’eau potable ou la suppression des subventions néfastes à l’environnement, notamment dans l’agriculture.

Fondamentalement, l’OCDE défend l’idée que économie peut rimer avec respect de la planète : l’organisation est en pleine préparation d’un nouveau rapport « Croissance verte pour les pays en développement ».  www.oecd.org/environment/ministerial

Le prochain grand rendez-vous des Etats sera à Rio en juin pour le sommet Rio + 20. Gageons que des engagements concrets en sortiront.

Agathe Clerc

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