Développement durable
11H52 - mercredi 18 janvier 2012

Keystone XL : l’embarras écolo d’Obama

 

Symbole de toutes les audaces, jamais avant Barack Obama un candidat à la Maison blanche n’avait fait de la défense de l’environnement le fer de lance de sa campagne. Mais voilà, au terme de son mandat et confronté à un dilemme majeur entre implications environnementales et indépendance pétrolière, le président américain déçoit et se retrouve englué dans le dossier Keystone XL.


Pipeline commercial : quel modèle choisir ? (DR)

Ce projet d’oléoduc, évalué à 7 milliards de dollars et piloté par la compagnie TransCanada, doit permettre d’acheminer le pétrole des sables bitumeux d’Alberta (Nord-est du Canada) jusqu’au golfe du Mexique (Texas), en traversant 6 Etats américains. Concrètement, c’est au bas mot un million de litres de pétrole brut qui circuleront chaque jour dans les 2 700 kilomètres de pipeline.

 

La tyrannie du pétrole

Dans un premier temps, le tracé du pipeline est vite devenu le sujet de préoccupations des écologistes et des riverains. En effet, il est prévu qu’il passe par des régions écologiquement délicates notamment au Nebraska (région de Sanhills et l’aquifère Ogallala qui fournit de l’eau à 8 Etats), ce qui pourrait entraîner un désastre pour l’écosystème environnant, sans parler des éventuels problèmes de santé pour les habitants.

Même le gouvernement républicain de l’Etat, pourtant rarement dérangé par ce genre de préoccupations, s’est opposé au projet.

Mais, au-delà du tracé du pipeline, c’est l’exploitation même de ce pétrole qui remet l’engagement politique du président Obama en question ; car celui qui clamait en 2007 « soyons la génération qui se libère de la tyrannie du pétrole » n’a pas dit non à l’exploitation de ce que tout le monde considère comme de l’« or noir » sale.

En effet, les sables bitumeux se trouvent dans le sous-sol. Leur exploitation va donc nécessiter la destruction totale d’une partie de la forêt boréale canadienne et une production sous forme de mine à ciel ouvert, qui implique camions, pelleteuses, grues et routes. Surtout, pour extraire le pétrole, les sables sont chauffés suivant une procédure complexe qui génère plus de 190 g de gaz à effet de serre pour un seul baril de pétrole. A ceci il faut ajouter du dioxyde de souffre et des oxydes d’azote responsables, même à faible dose, de l’acidification des lacs et des forêts.

Quand on sait que la région d’Alberta est le principal gisement de sables bitumeux de la planète et que l’on estime pouvoir en retirer près de 315 milliards de barils, il semble opportun de commencer à s’inquiéter pour la forêt et les lacs canadiens.

 

Un enjeu politique majeur

Oléoduc Keystone X L: les premières Nations en visite à Washington. DR

Assurément, à quelques mois des élections présidentielles, le sujet du pipeline Keystone doit donner des sueurs froides à l’administration Obama. Car, outre le mécontentement de son électorat –qui pourrait lui couter sa réélection– le Président doit faire face à la pression des lobbies pétroliers soutenus par les Républicains du Congrès, ainsi qu’à la pression des syndicats.

Mais il doit également tenter d’éviter un drame diplomatique avec son voisin canadien. Au moment où la crise se fait encore sentir dans les foyers, dire non au projet, c’est renoncer à la création d’environ 20 000 emplois, maintenir la hausse du prix du carburant à la pompe et surtout renoncer à se défaire du joug des producteurs arabes de pétrole, ce dont rêve tout américain.

 

Enfin, un problème diplomatique se greffe aux pressions internes. Les Canadiens, en particulier les compagnies pétrolières menées de front par le premier ministre Stephen Harper, génie climatique (pour qui le réchauffement est une divagation de socialistes), voient dans le projet Keystone une manne considérable prompte, à remplir les caisses. Doit-on préciser qu’ils n’ont pas l’intention de la laisser s’échapper ?

En annonçant qu’une décision gouvernementale sur le projet Keystone n’aurait lieu qu’en 2013, le Président Obama s’est défait de ses obligations et a préféré la facilité, quitte à ne pas avoir à prendre de décision du tout en cas de non-réélection.

Que l’on soit américain ou non, la question demeure, mais qu’est-il advenu du politique engagé ? Qu’est-il advenu du prix Nobel ?

 

Laurie Mathy

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