International
07H00 - mardi 17 mai 2011

Bilan de « Passages de témoins », un salon du livre engagé, avec Philippe Duron, maire de Caen et Député du Calvados.

 

Philippe Duron, vous êtes Député-Maire de Caen. Vous avez souhaité lors de votre investiture à la Mairie de Caen promouvoir une politique culturelle régionale dont résulte ce festival. Pourriez-vous nous dire comment le Festival Passages de témoins est né ?

Philippe Duron : Notre ville organisait déjà un salon littéraire chaque année, visant à réunir les différents secteurs composant la filière du livre. Région d’éditeurs et d’imprimeurs, la Basse-Normandie offre le second dépôt légal de province. Plusieurs institutions telles que l’Université et l’Imec (Institut Mémoires des Éditions Contemporaines) s’accordent pour préserver le patrimoine écrit et assurer sa diffusion.

L’écrit tenant une place prépondérante dans la vie éducative et culturelle de la région, nous souhaitions dynamiser cet évènement en inscrivant le livre dans un plus large spectre culturel et en l’associant à d’autres formes d’expressions artistiques telles que le théâtre, le chant, la danse. Ainsi « Passages de témoins » offrait un point de convergence entre ces diverses formes artistiques.

Au regard de l’actualité, nous souhaitons permettre une réflexion sur ce qui déterminerait notre ou nos identités. C’est pourquoi le thème de cette année « Être né quelque part » ouvrait ce débat, non pour stigmatiser, mais pour, au contraire, exposer la richesse de nos origines. À travers les expositions, spectacles, concerts, conférences, nous voulions présenter comment chaque artiste ou auteur se nourrissait de son histoire, de son territoire, de ses expériences.

Pour ma part je crois que l’ouverture, le métissage sont une richesse et nous nous devons de participer à la construction d’une identité complexe.

Le festival « Passages de témoins » représente pour nous l’occasion de poursuivre lors des prochaines éditions, un travail, une réflexion sur ces enjeux au cœur de l’actualité.

L’année prochaine, nous nous intéresserons aux personnes et cultures situées en marge des sociétés. À celles et ceux qui se trouvent dans la pauvreté, ou qui refusent le modèle de société dans lequel nous vivons, qui choisissent de ne pas s’intégrer dans ce phénomène de mondialisation ou qui participent à l’essor de contre-cultures. Ce sera l’occasion de réunir sociologues, philosophes, écrivains et toutes les disciplines contribuant à une construction de la pensée.

À l’heure du tout internet, d’une société où la médiatisation est si prégnante, le livre peut-il encore détenir un poids dans la politique de la ville ?

Ph. Duron : Il faut distinguer le texte de son support. Les textes grecs ont existé bien avant l’imprimerie et continueront d’exister à travers le numérique.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour s’exprimer, je pense que le livre papier continuera d’exister, d’avoir son histoire, d’entrer dans nos bibliothèques… Ils peuvent aussi parfois devenir œuvre d’art et aucun autre support ne peut se substituer à cela.

Pourtant le passage au numérique fait apparaître de nouveaux enjeux économiques : comment les éditeurs régionaux, par exemple, se préparent à ce nouvel avenir?

Ph. Duron : Nous travaillons au futur du texte. À l’occasion d’une journée d’études organisée à l’ESAM (École Supérieure des Arts et Médias), dans le cadre du festival, nous avons réuni écrivains, illustrateurs, éditeurs et chercheurs pour nous intéresser aux nouveaux comportements que ce support apporterait ou entraînerait dans notre manière d’écrire, de lire, d’éditer et de diffuser. Certains auteurs et illustrateurs ont déjà intégré le support numérique, signe que ce changement se fait de plus en plus pressant.

Notre inquiétude est relative. Face à la disparition de certains métiers dans la photographie ou la fragilisation des maisons de disque, nous avons conscience d’une certaine menace. C’est pourquoi nous cherchons par exemple à adapter nos structures en ouvrant par exemple de nouvelles voies de formation. Les éditeurs préparent quant à eux des éditions numériques.

Pour l’heure, si les fabricants de tablettes cherchent à imposer à tout prix ce support sur les marchés, les contenus demeurent très pauvres.

La Normandie accueille prochainement le G8, auriez-vous un message à délivrer aux dirigeants politiques ?

La préoccupation première est de réintégrer les hommes dans la société. Faire de tous des citoyens à part entière, donc éviter qu’ils ne se marginalisent. Ce qui implique de lutter contre l’exclusion, la pauvreté, les inégalités de plus en plus criantes et de travailler ce à quoi les hommes aspirent, c’est à dire la paix.

Il n’y a qu’à regarder en Syrie, en Afghanistan, dans les pays du continent africain ou de diriger notre regard vers le Mexique où sévit une guerre civile pour constater la souffrance de certaines populations. Le rôle des hommes politiques est d’être des créateurs de paix.

Propos recueillis par Charlotte LEGOUEST

crédit photo:  Decaëns/Ville de Caen

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