Tunisie
09H00 - lundi 25 avril 2011

« Vive l’optimisme de la Révolution » Hella, Ines, Jihane, Zied, Skander, Cherifa, Karim et les autres. Entretien avec de jeunes révolutionnaires convertis au journalisme citoyen.

 

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Certains, nous nous connaissions déjà mais nous nous sommes réunis la première fois juste après le 14 janvier et le départ de Ben Ali.

De deux, nous nous sommes vite retrouvés à cinq puis douze à nous réunir. Nous avons décidé très vite de nous organiser en quatre équipes de travail pour couvrir l’actualité de la révolution et organiser l’association naissante. Cherifa Ben Miled a été désigné comme rédactrice en chef.

Votre nom sonne comme celui d’un parti politique…

Nous ne sommes pas partisans. Nous voulons informer les jeunes, les sensibiliser. Nous n’avons pas confiance dans les médias traditionnels qui n’ont pas su éveiller les jeunes à la politique. C’est par nous-mêmes que, nous les jeunes, avons fait la révolution. Personne ne nous en croyait capables, surtout pas nos parents. Nous voulons être un intermédiaire entre le gouvernement et les jeunes, organiser des événements sur la démocratie et le régime parlementaire, présenter les candidats qui postuleront à la Constituante. Par exemple, nous préparons un débat : « Quels Enjeux constitutionnels pour la Tunisie de demain ? ».

Comment s’est passée la révolution sur les campus ?

Dans certaines facs, comme en lettres à Sousse, à Tunis également, ça a commencé pendant les vacances de fin décembre. Le 10 janvier, les professeurs ont manifesté dans plusieurs facultés. La police n’était pas acceptée sur les campus.

Il faut savoir que dans les facs la contestation de Ben Ali était plus ou moins sourde : lorsqu’un prof critiquait Ben Ali, les étudiants « RCDistes » le dénonçaient.

Aujourd’hui, dans les facs, on assiste clairement à des règlements de compte, des agressions verbales sur d’anciens trop proches du pouvoir. Le secrétaire général de la Fac de droit a dû « dégager » car il était trop proche du pouvoir.

En médecine, de nombreux chefs de service étaient trempés dans le système. Certes, pour réussir à l’université, il fallait intégrer le système Ben Ali. Mais aujourd’hui, pour beaucoup, c’est l’heure des comptes ou au moins de rebattre les cartes du pouvoir et des postes de responsabilité dans l’université.

Comme 2010-2011 était l’Année internationale de la Jeunesse, idée fumeuse promise par Ben Ali, on lui en a servi une belle Année de la jeunesse !

Quelles sont les valeurs fortes de la Révolution du Jasmin ?

Pour nous, ce n’est pas la Révolution du jasmin : Ben Ali avait déjà employé ce terme en 1987 lorsqu’il a pris le pouvoir à Bourguiba. Cela fait trop carte postale. Non, c’est la révolution tunisienne, tout simplement. Révolution de la dignité et surtout de la liberté d’expression.

Etes-vous optimistes ?

Nous sommes trop optimistes et plus les personnes que vous croiserez sont âgées et plus elles se diront pessimistes et inquiètes. [Nous le confirmons].

Propos recueillis par Chaïma Amara et Michel Taube