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19H42 - vendredi 4 mars 2016

« Doigts d’honneur » : être une femme en Égypte

 

À quelques jours de la Journée internationale de la femme, Opinion Internationale revient sur la révolution égyptienne et le traitement de la condition féminine à cette période.

 

La place Tahrir en février 2011 - Crédit photo : Wikimedia Commons

La place Tahrir en février 2011 – Crédit photo : Wikimedia Commons

 

Irhal, Irhal, Irhal, c’est ce mot, qui signifie « dégage » en égyptien, que les manifestants, opposants au régime et à la politique de l’ancien président Hosni Mubarak, scandaient sur la place Tahrir (libération en arabe). Les successeurs du Président, le général Tantawi, dans un premier temps, Mohammed Morsi ensuite, le général Al-Sissi ou encore Ibrahim Mahlab semblent tous, sans exception, échouer à comprendre le peuple égyptien.

Pour ce qui est du droit des femmes, l’Égypte compte parmi les très mauvais élèves de la planète. Layla, personnage principal de Doigts d’Honneur, jeune étudiante qui se destine à devenir ingénieure agronome, symbolise toutes les questions relatives au droit des femmes. Il est notamment interdit à cette jeune femme de sortir dans la rue non accompagnée d’un garçon. Le récit de cette bande dessinée a pour théâtre le Printemps arabe et ses vagues de violence, sexuelle pour les femmes. Dans ce pays, le troisième d’Afrique en terme de population, porter plainte pour viol ou agression sexuelle reste bien difficile. Cela signifie affronter le regard pesant de la société mais aussi l’indifférence des forces de l’ordre.

Le scénariste et le dessinateur soulèvent plusieurs questions. Si la révolution égyptienne a révélé une véritable colère et un désaccord certain de la population d’avec ses dirigeants, elle a aussi mis en danger les femmes qui ont tenté de participer à ce mouvement citoyen. Ainsi cinq journalistes étrangères ont été agressées ou violées lors des manifestations, pour les Égyptiennes les cas de harcèlement et d’abus sexuels n’ont cessé d’augmenter en dépit du changement de chef d’État.

Selon Amnesty international, « plus de 99 % des femmes et des jeunes filles interrogées en Égypte dans le cadre d’une étude publiée par ONU Femmes en 2013 ont déclaré avoir subi une forme de harcèlement sexuel ».

En 2014, devant cette situation plus qu’alarmante, des mesures symboliques ont été prises pour faire du harcèlement sexuel ou du viol une infraction punie d’une amende ou d’une peine de prison. Dans les faits, peu d’hommes sont poursuivis, et la plupart des condamnations se sont résumées à une amende.

 

9782849532355Sébastien Lagarrigue, alias Bast, est né à Bordeaux en 1974. En 1999 sort son premier livre, Entrave, chez Le Cycliste éditions : l’histoire d’un garçon qui ne comprend pas ce que les gens lui disent. Suivront une douzaine d’ouvrages chez divers éditeurs. Animateur d’un atelier
de bande dessinée dans le quartier pour mineurs de la Maison d’arrêt de Gradignan pendant quatre ans, il raconte son expérience dans un témoignage intitulé En chienneté paru à La Boîte à Bulles en 2013. Doigts d’honneur confirme sa volonté de s’engager dans des récits plus militants, qui abordent notamment la question de la dignité humaine.

 

 

Éditeur à La Boîte à Bulles depuis une dizaine d’année, Ferenc a davantage consacré de temps à l’accompagnement d’auteurs qu’à l’écriture de scénarios, en dehors de quelques travaux pour le magazine Psikopat et divers collectifs. Il signe son premier livre dans la collection Contre-cœur de la Boîte à Bulles : Doigts d’honneur, dessiné par Bast et coédité avec Amnesty International.

Journaliste

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