International
14H12 - jeudi 7 janvier 2016

Catalogne et Espagne : nouvelles élections en vue

 

L’Espagne et la Catalogne abordent l’année 2016 dans l’inconnu.

Les élections législatives espagnoles du 20 décembre dernier avaient déjà semé le trouble sur l’avenir politique de l’Espagne sur fond de revendication d’indépendance de la Catalogne. Le 3 janvier dernier, le coup de théâtre qui s’est joué à Barcelone entre indépendantistes catalans, provoquant la convocation de nouvelles élections fin février ou début mars au Parlement catalan, ajoute à la confusion démocratique sur l’avenir des deux nations.

 

Acting Catalonian Regional President, Artur Mas, addresses a press conference after he chaired the weekly Catalonian regional cabinet meeting in Barcelona, northeastern Spain, 05 January 2016, two days after Pro-Catalan independence party Popular Unity Candidacy (CUP) decided not to support his re-election. The regional election was held on last 27 September and if an investiture agreement is not reached before 10 January 2016, a new regional election will be called. EFE/Andreu Dalmau (MaxPPP TagID: efephotos379146.jpg) [Photo via MaxPPP]

 Artur Mas, lors d’une conférence de presse – Crédit : EFE/Andreu Dalmau

 

Impasse politique à Madrid

L’acte 1 s’est joué à Madrid fin 2015.

Les résultats des élections législatives du 20 décembre dernier dans toute l’Espagne ont confirmé ce que la campagne augurait : la fin du système bipartisan. Aux côtés des deux partis historiques de gouvernement, le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui alternaient au pouvoir depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, se sont imposés en quelques années à peine Podemos et Ciudadanos (littéralement « Nous pouvons » et « Citoyens »). Plus encore que leurs scores, leurs progrès fulgurants témoignent que désormais il sera impossible de ne pas compter avec eux : la nouvelle gauche de Podemos, qui recueillait 7,99 % des suffrages en 2014, en gagne 20,66 % en décembre 2015. Dans le même temps, le nouveau centre droit de Ciudadanos est monté de 3 % à près de 14 %.

Résultat en forme d’impasse : en tête avec 123 sièges, les conservateurs du PP de Mariano Rajoy, Premier ministre sortant, ont perdu la majorité absolue (de 176 sièges). Aussi considéré comme de droite, le parti libéral des Citoyens lui a « volé » 40 sièges. Côté cœur, le PSOE qui avait, en 2011, essuyé, disait-on, une défaite historique, a encore régressé : Il est passé de 28,65 % à 22 % des suffrages, perdant ainsi 20 sièges. Avec 90 sièges, le PSOE est talonné par Podemos qui en a gagné 69.

Les deux grands partis traditionnels, ne pouvant plus ni l’un ni l’autre gouverner seul, seraient-ils les grands perdants de cette dernière élection ?

Résultat : non seulement la composition d’une coalition de gouvernement semble quasi impossible pour permettre de désigner un premier Ministre et un gouvernement stables, mais en plus la question du référendum sur l’indépendance de la Catalogne renforce les divisions entre les quatre forces politiques espagnoles.

On le sait : Rajoy et le PP sont résolument hostiles à l’idée d’indépendance de la Catalogne et à tout référendum sur la question. Ils ont pour leur part fermé la porte à toute discussion avec les Catalans en 2012 à leur arrivée au piuvoir. Le PSOE est lui aussi hostile à toute idée de séparation et de référendum.

Ainsi, les deux scénarios les moins improbables capables de débloquer la situation, buttent sur la question catalane. Dans l’éventuelle coalition entre PSOE, Podemos et les partis nationalistes périphériques (basques et de Galicie), seul Podemos, bien que partagé sur le sujet, est clairement favorable à un référendum sur l’indépendance de la Catalogne 

L’autre scénario envisageable théoriquement : une coalition PSOE – Podemos avec l’appoint de deux députés anciens communistes d’Izquierda Unida, et de 17 députés catalans rencontre le même problème : le référendum sur la Catalogne. En effet, la réponse du PSOE est clairement NON pour le moment.

 

Bref, on se dirige tout droit vers la convocation de nouvelles élections législatives espagnoles. L’enjeu catalan y tiendra une place encore plus centrale et divisera encore davantage la classe politique ibérique.

 

Coup de théâtre à Barcelone

Le clash politique qui s’est joué le 3 janvier en Catalogne ajoute à la confusion.

Pour comprendre, retour quelques mois en arrière… Le 27 septembre 2015, les Catalans élisaient leurs députés au parlement régional. Les indépendantistes partaient divisés : d’une part la liste Junts pel Si (« Ensemble pour le oui »), composée de Convergencia de centre droit du président sortant Artur Mas, et de Escerra Republicana de centre gauche, et d’autre part la Candidature d’unité populaire (CUP, extrême gauche). C’est avec ces derniers que le blocage a été définitif le 3 janvier.

Certes, les indépendantistes gagnèrent les élections avec une majorité en sièges, 72 sur un total de 135, mais non en voix, 47,8 %. Le résultat obligeait surtout les deux listes à s’entendre d’ici janvier 2016 pour la formation d’un nouveau gouvernement catalan.

Les deux listes ont principalement échoué à s’entendre sur le nom du futur président. Après plusieurs consultations démocratiques de leurs troupes, les dirigeants de la liste d’extrême-gauche ont finalement refusé le 3 janvier qu’Artur Mas se succède à lui-même.

Les Catalans retourneront donc eux aussi aux urnes, fin février, le 6 mars au plus tard.

 

Catalogne versus Espagne

Devant l’imbroglio politique de la scène madrilène, les indépendantistes gagneront-ils des voix aux prochaines élections espagnoles et catalanes ? Au contraire, reculeront-ils face aux divisions dans le camp séparatiste, le peuple catalan étant peut-être fatigué d’avoir dû se mobiliser pour 8 consultations en 5 ans.

Artur Mas avait annoncé, lors de sa victoire du 27 septembre, se donner 18 mois pour gagner l’indépendance de la Catalogne. Le compte à rebours sera-t-il suspendu ou consolidé par les nouvelles échéances imminentes ?

Tels sont quelques-uns des enjeux clé de ce double rendez-vous du premier trimestre 2016.

Directeur de la publication

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