International
13H01 - mercredi 1 avril 2015

De Maïdan en pis

 

Les lendemains de Révolution ressemblent souvent à une gueule de bois. Un an après l’éviction du président Ianoukovitch et son départ précipité vers la Russie, le peuple ukrainien déchante. La Crimée est sous contrôle russe (et le restera), le Donbass est ravagé par la guerre et se détache peu à peu du reste du pays et c’est aujourd’hui l’ensemble de la population qui paie au prix fort les errements politiques de la caste dirigeante ukrainienne et de ses alliés occidentaux.

 

maidan

© Andreï Stenine Source: RIA NOVOSTI

 

Les morts de Maïdan ont été vengés. C’est en tout cas l’état d’esprit qui régnait début 2014 alors que le président en exercice s’enfuyait discrètement en Russie, laissant un champ de ruines politiques et des palais somptueux payés sur le dos d’une population souvent considérée comme une vache à lait, quantité négligeable que les menaces et la corruption devaient contrôler ad vitam aeternam. Avec courage, les Ukrainiens ont changé le cours de l’Histoire, mais ont été rapidement confrontés à des forces bien plus fortes. Sous des prétextes fallacieux, la Russie a pris manu militari le contrôle de la péninsule de Crimée et a participé, sinon organisé, la révolte dans l’Est de l’Ukraine. Le combat est inégal et l’Ukraine se voit dictée les règles d’un jeu glaçant.

Forte du soutien de l’Union européenne qu’elle aspire à rejoindre, et des Etats-Unis, l’Ukraine fait face avec son armée, ses volontaires, ses engagés et les armes mises discrètement à sa disposition. Les combats font rage, les conférences de la dernière chance à Minsk se répètent sans grand succès et les Ukrainiens voient leur pays ravagé et leurs fils tomber au champ d’honneur. Mais comme un malheur n’arrive jamais seul et que la guerre n’est pas une activité sans coûts (humain et financier), c’est aujourd’hui tout le pays qui est prêt à tomber dans le précipice. L’Etat est en quasi faillite, les Ukrainiens ont vu leur pouvoir d’achat et leurs conditions de vie chuter au moins aussi violemment que lors de la disparition de l’Union soviétique.

 

Le chaos par l’économie

Au chaos des armes se joint désormais le chaos économique. Selon les chiffres officiels (certainement minorés pour ne pas renforcer le sentiment de panique), le PIB a chuté de 8 % en 2014 et la production de 10 %. Les exportations avec son premier partenaire économique, la Russie,  se sont effondrés de 30 % à 35 % et ce ne sont pas moins de 85 % des emplois dans es PME qui ont été supprimés. La vie économique tourne au ralentit et la population se paupérise entraînant mécaniquement une forte baisse de la consommation des ménages (40 %).

Avec de tels chiffres, n’importe quel pays serait dans une situation plus qu’alarmante, mais ce n’est pas tout. La cure d’austérité, l’inflation étouffante (près de 30 % en un an) et la dévaluation de la hryvnia parachèvent un tableau bien noir. Il devient de plus en plus difficile de se procurer les biens de première nécessité qui sont pour la plupart importés. L’énergie, les vêtements, les médicaments, tout ce qui fait le quotidien devient un luxe et si la situation ne s’améliore pas sur les plans politique et économique, le pays pourrait plonger dans un chaos extrême dont nul ne sait sur quoi il aboutira.

 

Le danger de la montée des extrémismes

L’Histoire ne repasse pas les plats, mais elle se répète pourtant et aux mêmes causes les mêmes effets. Une crise économique profonde nourrit les extrémismes et ce surtout que la guerre laisse des rancœurs profondes. Les partis d’extrême droite qui ne dictent pas la politique du gouvernement contrairement à ce qu’affirme Moscou pourraient bénéficier d’une situation désespérée. Les idéologies mortifères seraient une nouvelle épine dans le pied d’un pays qui n’arrive désormais plus à marcher seul.

Déjà, une vague malsaine d’épuration politique est à l’œuvre. Ainsi, plusieurs responsables politiques ukrainiens doivent répondre de leurs activités pour la seule raison d’avoir remplie une fonction publique au temps de Viktor Ianoukovitch. Jeter l’anathème en ces termes sur un concurrent est très pratique et efficace pour se créer un espace politique plus grand. C’est ainsi que l’ancien ministre des Revenus, Oleksandr Klymenko est devenu l’objet d’une cabale politique dont la Justice ukrainienne vient finalement d’estimée qu’elle était injustifiée. Son action à en faveur de la lutte contre la corruption n’a pas suffi à empêcher certains de tenter de le salir. Dans le tourbillon actuel, il est tentant de compromettre tous ses ennemis et prendre des places indument glanées. Si une telle atmosphère perdure, le pays est certain de s’enfoncer à un niveau de délitement encore jamais atteint.

La solution est politique et économique. Sur le plan économique, le FMI et les pays occidentaux qui ont pris fait et cause pour le pouvoir issu de Maïdan ont un rôle primordial à jouer. S’ils ne se montrent pas à la hauteur, ce sont 45 millions d’Ukrainiens qui en subiront les dures conséquences. Politiquement, la question est encore plus compliquée, car il faudrait que les hommes de pouvoir pensent enfin au bien public. Une idée centrale dans les pays démocratiques, mais qui a encore du mal à prendre chair dans ce pays où le souffle de la liberté se fait pourtant sentir depuis longtemps déjà.

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