Culture
15H25 - mercredi 18 juin 2014

Un Imam influent manifeste son soutien à la communauté baha’i

 

Fait inédit : le 7 avril, un haut ecclésiastique musulman, l’Ayatollah Abdol-Hamid Masoumi-Tehrani, a offert aux baha’is du monde une reproduction calligraphique d’un verset du Kitáb-i-Aqdas, le texte sacré des baha’is. Par cette démarche, il offre ce symbole précieux comme une « expression de sympathie et de sollicitude » pour rétablir des liens entre l’islam et la foi baha’i en Iran. Il insiste sur l’importance de la tolérance et la bienveillance envers tous, notamment les baha’is, malgré « leur religion ou la manière dont ils prient ».

Ayatollah Abdolhamid Massoumi-Tehrani qui travaille sur une enluminure de vers du Kitab-i-Aqbas - Baha’i World News Service

Ayatollah Abdolhamid Massoumi-Tehrani qui travaille sur une enluminure de vers du Kitab-i-Aqbas – Baha’i World News Service

Les baha’i représentent la plus grande minorité religieuse en Iran avec plus de 300.000 partisans. La foi baha’i naquit en Iran au XIXe siècle. Son fondateur est Baha’ullah, un noble persan, qui prêchait l’unité de l’espèce humaine. La foi baha’i propose des Écrits saints et des règles de vie à ses fidèles, mais elle n’a pas de clergé et encourage l’interprétation personnelle des textes sacrés. Sa direction est entretenue par des instances élues au niveau local et international.

Les baha’is sont considérés par beaucoup comme des hérétiques en Iran, et y souffrent depuis longtemps de préjugés et de persécutions. Les baha’is ne jouissent d’aucune protection légale car l’Etat ne reconnaît pas leur religion et ils sont victimes de discriminations. Plusieurs centaines d’entre eux sont emprisonnés et la communauté internationale a souvent condamné l’Iran au nom de la liberté de conscience.

Dans ce contexte, la prise de position publique de l’Ayatollah Tehrani est pour le moins audacieuse ou courageuse. Par ses propos, le responsable religieux essaie de rétablir un lien entre la communauté baha’i et l’islam. Il fait appel à un temps « où les différentes religions et confessions, malgré leurs diverses croyances et pratiques, jouissaient de relations sociales et de coexistence tolérante ». Il invoque l’ancestrale culture iranienne, basée sur la tolérance, la fraternité et l’amour et supplie ses concitoyens de « faire preuve d’amour et d’affection […] et de respecter la vie, les possessions et la dignité des autres ».

Les paroles des ayatollahs portent quelle influence en Iran? Un ayatollah est l’un des titres les plus élevés accordés à un membre du clergé chiite. Contrairement au sunnisme, le clergé chiite est très hiérarchisé et les ayatollahs en sont les plus hauts placés. Ils sont instruits dans les domaines de l’éthique et de la philosophie et ils sont des experts des écritures islamiques. Ils sont souvent des enseignants dans des institutions religieuses et leurs paroles exercent une influence culturelle et politique. Les ayatollahs prééminents portent des turbans noirs, ce qui les désigne comme descendants du prophète Mahomet par son gendre Ali.

Ayatollah Tehrani suscite ainsi un certain niveau de respect dans la société iranienne grâce à son titre religieux. La portée de sa parole n’est donc pas négligeable. Par contre, il porte le turban blanc et ne jouit d’aucune filiation à Mahomet, ce qui lui rend moins important que d’autres ayatollahs portant le turban noir.

Cette prise de position s’inscrit-elle dans un bras de fer entre religieux libéraux et conservateurs ? L’an prochain, les Iraniens éliront au suffrage universel les 70 experts religieux amenés à désigner le successeur du Guide suprême de la République islamique. Cette élection ne manquera pas de susciter, dans un débat où la parole est beaucoup plus libre que ce que l’on croit en Occident, des débats de fond sur l’avenir de la société islamique iranienne.

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