La Citoyenne
10H39 - lundi 23 septembre 2013

Violences faites aux femmes en Asie-Pacifique : Un rapport de l’ONU donne la parole aux hommes

 

Au lieu d’interroger seulement les victimes, comme c’est habituellement le cas, pour la dernière enquête de l’ONU sur les violences faites aux femmes les chercheurs ont décidé d’interroger plus de 10 000 hommes dans six pays de la zone Asie-Pacifique, afin de comprendre leur vision de la masculinité et les raisons des comportements violents. Les résultats choquants de cette recherche permettent de voir la violence faite aux femmes dans le cadre des inégalités structurelles entre les sexes, et de concevoir des stratégies plus adaptées au contexte social pour la prévenir.

 

violences

Des étudiantes indiennes manifestent contre les violences faites aux femmes à Hyderabad

La violence conjugale est une chose tout à fait naturelle, selon Noor, un jeune homme bangladais de 25 ans. Noor est marié et admet user de la violence à l’égard de sa femme. « Je sais que moi, comme d’autres, je fais des choses mauvaises, » il dit, « On n’est pas des anges, on est juste des êtres humains normaux ».

Ce jeune homme, interviewé sous le pseudonyme de ‘Noor’, n’a pas été le seul à exprimer des vues pareilles, parmi les plus de 10 000 hommes intérrogés dans le cadre de l’étude publiée ce mois-ci sous le titre « Pourquoi certains hommes recourent à la violence contre les femmes et comment pouvons-nous la prévenir?»

Neuf sites, en milieu urban et rural, ont été étudiés, dans six pays d’Asie Pacifique : Bangladesh, Cambodge, Chine, Indonésie, Papouasie Nouvelle  Guinée  et  Sri-Lanka. Les résultats sont choquants.

Près de la moitié des hommes intérrogés ont reconnu avoir commis des violences, physiques ou sexuelles, à l’encontre de leurs compagnes, (infographie1) avec un pourcentage minimum en Indonésie (26%) et un maximum en Papouasie Nouvelle Guinée (80 %).

Les hommes qui ont affirmé avoir perpétré des viols vont de 10 % au Bangladesh à 62 % en Papouasie Nouvelle-Guinée, avec une prévalence générale du viol au sein du couple plutôt qu’en dehors.

Les cas de violence à l’encontre de la compagne sont, non seulement les plus fréquents, mais aussi les plus difficiles à révéler. Dans presque tous les sites où des femmes ont été également intérrogées, ces dernières ont dénoncé des violences dans le couple moins fréquemment que les hommes. Cela pourrait être dû à la peur de répresailles du compagnon, mais aussi d’une intériorisation de la part des femmes de certaines contraintes sociales, selon lesquelles soit ‘tenue’ d’obéir à son mari.

C’est justement le cadre social et culturel dans lequel la violence s’inscrit qui est souligné dans le rapport. « La violence contre les femmes , » on y lit, « est une expression des inégalités entre les sexes et des dangers d’une masculinité hégémonique régie par des idées et des institutions patriarcales. »

De cette hypothèse découle l’approche innovante de l’étude, qui à la place d’interroger seulement les victimes, s’est focalisée sur les auteurs des violences et sur le rapport entre leur vision de la masculinité et les actes perpétrées.

Selon l’étude (infographie2), « la raison la plus fréquemment invoquée par ces hommes est leur conviction qu’ils ont le droit d’avoir des relations sexuelles avec des femmes indépendamment de leur consentement, » suivie, dans l’ordre, par la recherche de  distractions, la colère ou l’intention de punir la femme et l’abus d’alcool.

D’autres facteurs, tels que l’expérience et le témoignage d’abus dans l’enfance, le stress et la dépression, pourraient favoriser un comportement violent. Ces facteurs ne constituent pas d’excuse aux auteurs des violences, remarquent les chercheurs, mais leur compréhension aide à définir des stratégies de prévention plus adaptées au contexte, capables de changer les normes sociales à la base des inégalités structurelles entre les sexes et de promouvoir un modèle alternatif de masculinité.

La majorité des violeurs n’ont pas subi de conséquences légales pour leurs actes. L’impunité reste un obstacle majeur surtout pour le viol dans le couple qui ne constitue pas un crime dans la majorité des pays étudiés.

Enfin, près de la moitié des hommes qui ont admis avoir commis un viol, l’ont fait pour la première fois durant leur adolescence, 12 % d’entre eux avant même leurs 15 ans. « Compte-tenu de l’âge auquel les violences commencent à être perpétrées, nous devons commencer à travailler avec des garçons et des filles plus jeunes que nous l’avons fait par le passé, » a déclaré Emma Fulu, l’une des chercheurs qui ont rédigé le rapport, « Nous avons aussi clairement besoin de lois qui stipulent clairement le caractère inacceptable de la violence à l’égard des femmes, ainsi que de politiques et de programmes qui protègent les enfants et mettent fin aux cycles de violence.»

 

 

 

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