La Citoyenne
18H08 - mercredi 5 juin 2013

Syrie : Fuir les combats armés pour faire face aux violences sexuelles dans les camps de réfugiés

 

A la frontière nord de la Jordanie, le camp de Zaatari voit affluer plus de 5000 réfugiés syriens par jour. En moins d’un an, cela a transformé Zaatari en la cinquième plus grande ville de Jordanie, avec 147 601 personnes, et l’un des plus grands camps de réfugiés du monde. Mais cela n’est pas sans conséquence. Les conditions sanitaires et d’hygiène sont particulièrement négligées, et le trafic – de sexe ou de drogues – s’y est vite développé.

SyriaDispatch-Bindel

Après deux ans et trois mois de guerre civile en Syrie, la situation ne cesse d’empirer. Le conflit a selon les dernières estimations de l’ONU fait plus de 80 000 personnes, dont une majorité de civils. Les autorités françaises et britanniques ont même indiqué hier avoir désormais la certitude de l’utilisation d’armes chimiques, par les forces loyales à Bachar al-Assad, ce qui a été à plusieurs reprises défini par les Américains notamment comme le préalable à toute intervention militaire. Sur le terrain, les rebelles ne cessent de perdre du terrain. L’armée a repris la ville de Qousseir après plus de trois semaines de combats. Cette ville, à proximité de la frontière libanaise, était considérée comme « stratégique » par Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient.

En outre, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que plus de 4 millions de Syriens ont été déplacés dans le pays pour tenter de garantir leur sécurité, tandis que près de 1,6 million ont fui les zones de combat pour se réfugier au Liban (503 558 personnes), en Jordanie (470 573), en Turquie (372 326), en Egypte et en Irak.

 

Fuir les violences sexuelles et les retrouver dans les camps de réfugiés

Bien que les chiffres exacts soient inconnus, les cas de viols et violences sexuelles sont très répandus dans le contexte de la guerre civile syrienne. C’est notamment pour y échapper que nombre de Syriennes et Syriens traversent la frontière et s’installent dans des camps de réfugiés. Néanmoins, cette violence les rattrape à l’intérieur même du camp, où les forces de l’ordre sont trop peu nombreuses.

Selon Yifat Susskind, directrice exécutive de l’ONG pour les droits des femmes MADRE, il s’agit avant tout d’un problème d’infrastructure. Dans le camp de Zaatari, que Susskind a visité en avril dernier, « les toilettes sont très loin des tentes et très sombres la nuit », ce qui explique qu’ « aucune femme ou fille n’y va après la tombée de la nuit ; et dans la journée, les femmes y vont en groupe pour leur sécurité, car il n’y a aucun moyen de verrouiller la porte. »

Certaines femmes décident de marier leurs filles afin qu’elles bénéficient d’une protection masculine dans le camp, et ainsi évitent les violences. D’autres se marient avec de riches hommes venus des pays du Golfe, car cela peut les aider économiquement, dans un contexte de crise économique générée par la guerre. Par manque d’autre alternative, certaines choisissent la prostitution.

 

Il faut intégrer les femmes dans le processus de paix

Les négociations et différents plans pour la paix proposés par les belligérants ont jusqu’à maintenant, clairement, échoué. Et la « conférence de la dernière chance » (d’après les termes de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères), Genève 2, a été repoussée de juin à juillet. Si la liste des participants pose apparemment quelque problème politique, les femmes, surtout, ne doivent pas être oubliées dans la construction de la paix.

Les participantes à la conférence Moving Beyond Militarism and War, qui a eu lieu du 28 au 30 mai 2013 à Belfast, ont conclu avec une déclaration sur la Syrie. Elles demandent l’arrêt du transfert d’armes aux parties ennemies et un cessez-le-feu. Elles appellent les décideurs à « s’assurer de la participation … et du leadership des femmes qui promeuvent un agenda pour la paix et les droits des femmes, dans toutes les négociations », afin qu’elles mettent sur le devant de la scène les problèmes de violences basées sur le genre.

Journaliste à Opinion Internationale et coordinatrice de la rubrique La Citoyenne.

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